Pneumologie

L'isolement social est associé à la mortalité dans la BPCO.

 L’isolement social est associé à une augmentation de la mortalité toutes causes confondues mais de manière encore plus marquée au cours de la BPCO. Inversement, la BPCO est associée à une augmentation de la prévalence de l’isolement social. D’après un entretien avec Olivier LE ROUZIC.

  • 23 Jan 2025
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    Une étude, dont les résultats sont parus en novembre 2024 dans le JAMA International Medicine, a cherché à démontrer le lien existant entre l’isolement social et la mortalité par BPCO. Il s’agit d’une étude américaine pour laquelle les auteurs ont inclus une cohorte de plus de 35 000 personnes de plus de 50 ans, aux conditions socio-économiques faibles et ils ont calculé la proportion de sujets qui déclaraient une BPCO. L’isolement social a ensuite été évalué grâce à une échelle comprenant des critères comme le célibat, la présence d’enfants ou de famille proche, l’existence de liens et /ou d’activité dans la communauté. Au total, 1240 patients ont été inclus, avec une moyenne d’âge de 68 ans et 60% d’entre eux étaient des femmes.

     

    Des facteurs d’isolement social identifiés

    Le professeur Olivier LE ROUZIC, pneumologue dans le service de pneumo-allergologie du Centre Hospitalier Universitaire de Lille, rappelle qu’un lien existe entre l’isolement social et la mortalité, toutes causes confondues et qu’il a déjà été démontré que la mortalité par BPCO est deux fois supérieure en cas d’isolement social. En effet, le BPCO impacte le maintien du lien social des patients. Il souligne que les résultats de ce travail ont  que 60% des patients inclus étaient des femmes  et que 24% des sujets atteints de BPCO présentaient  un isolement social, soit près d’un quart des patients, ce qui représente une fréquence importante dans cette population. Les facteurs les plus fréquemment rencontrés chez les patients en isolement social sont le sexe féminin, la solitude, l’oxygénothérapie (qui contribue à limiter les sorties), la présence d’un syndrome anxio-dépressif et/ou de troubles cognitifs. Ces facteurs sont liés à une augmentation de 35% de la mortalité. Le delta entre la différence de mortalité avec et sans isolement social est plus faible lorsqu’il n’est pas associée à une BPCO. L’impact de l’isolement social sur la mortalité liée à la BPCO est donc plus important que pour les autres causes. Inversement, Olivier LE ROUZIC précise également que l’importante prévalence de l’isolement social dans cette population est probablement lié à la BPCO.

     

    Une réflexion nécessaire pour la prise en compte de l’isolement social

    Olivier LE ROUZIC explique qu’il est absolument nécessaire de prendre en compte l’isolement social chez les patients atteints de BPCO et de trouver les ressources pour réagir à temps. Les prises en charge médicamenteuses et par réadaptation respiratoire sont primordiales mais elles n’excluent pas de chercher à maintenir le lien social pour sortir les patients de leur spirale et les améliorer. Ces sujets sont souvent limités dans leur activités physiques, ce qui nuit au lien social et entraine une altération de l’état général. Ces résultats sont cohérents mais n’avaient encore jamais été démontrés. Olivier LE ROUZIC souligne que ce travail doit être réalisé avec les équipes des territoires de santé, notamment les assistantes sociales ou encore  les associations de patients, et doit être inclus dans la prise en charge globale du patient BPCO, pour éviter l’impact de l’isolement social sur la mortalité qui, pour mémoire, est de 2% pour toutes causes confondues et 8% en cas de BPCO.

     

    En conclusion, l’implication de la dimension sociale est majeure et doit être prise en compte pour améliorer la qualité de vie des patients atteints de BPCO. Les praticiens doivent savoir identifier l’isolement social pour y sensibiliser le patient faire intervenir les acteurs locaux le plus rapidement possible.

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