Pneumologie
Mucoviscidose : une personnalisation du traitement dépendante de la souche de Pseudomonas
Utiliser les cellules nasales de patients atteints de mucoviscidose pour personnaliser le traitement des infections à Pseudomonas aeruginosa a fait l’objet d’une étude à la méthodologie très intéressante mais le faible volume de la cohorte lui met des limites. Toutefois ses résultats méritent réflexion. D’après un entretien avec Rodrigue DESSEIN.
Une étude, dont les résultats sont parus en novembre 2024 dans l’European Respiratory Open Research, a cherché à démontrer l’intérêt d’ utiliser les cellules nasales des patients atteints de mucoviscidose pour isoler et traiter de manière plus personnalisée les infections à Pseudomonas aeruginosa. Les auteurs sont partis du postulat que ces patients sont infectés de manière chronique par le Pseudomonas aeruginosa, considéré comme agent pathogène opportuniste , et que son traitement dépend à la fois du processus immunitaire de l’hôte et de l’activité du canal CFTR. Pour cela , les auteurs de ce travail ont inclus 15 patients atteints de mucoviscidose et infectés par Pseudomonas aeruginosa. Ils ont isolé leurs cellules nasales et identfié les souches bactériennes de chacun, qu’il sont traitées une à une pour observer les réponses individuelles.
Une bonne méthodologie mais une petite cohorte
Le professeur Rodrigue DESSEIN, chef du service de Bactériologie au Centre Hospitalier Universitaire de Lille, explique que cette étude est un travail translationnel, très bien construit, intéressant et simple. Il souligne que les auteurs sont peu dans la théorie et s’intéressent surtout à la variabilité des souches, afin de personnaliser la prise en charge des patients, notamment avec les trithérapies par « caftors », qui permettent d’avoir un canal CFTR chez les patients atteints de mucoviscidose. Il rappelle que l’effet de ces traitements a une variabilité dépendante de la souche de Pseudomonas aeruginosa des patients et qu’il est donc intéressant de faire un test rapide à chaque patient pour permettre un traitement encore plus personnalisé. Rodrigue DESSEIN précise qu’il faudrait de nouvelles étude compte-tenu de la petite taille de la cohorte qui ne comporte que 15 patients. Toutefois, il relève que ce travail est basique, qu’il prend en compte les patients et que les schémas et les graphes réalisés par les auteurs sont très accessibles, ce qui peut permettre aux cliniciens de se projeter.
Vers une hyperpersonnalisation de la prise en charge
Rodrigue DESSEIN explique que les auteurs de ce travail ont montré qu’un traitement peut être validé à un instant t. Les souches de chaque individu sont traitées sur les cellules en laboratoire, ce qui qui selon la réactivité, permet de savoir si le patient est bon répondeur ou non. Pour lui, cela nécessite du testing préalable car c’est difficile à réaliser mais la méthodologie est tout à fait acceptable et il précise qu’il est toujours intéressant cliniquement de voir la variabilité des souches . Le concept nécessite l’isolement des souches à partir des cellules nasales de chaque patient, ce qui implique un long travail et des études multicentriques pourraient peut-être permettre d’aboutir à des tests plus simples. D’autre part, Rodrigue DESSEIN pose la question de savoir quelle proposition faire aux patients qui ne répondent pas au traitement. Ce travail n’y répond pas encore.
En conclusion, ce concept permet une hyper personnalisation de la prise en charge des patients atteints de mucoviscidose et infectés de façon chronique par le Pseudomonas aeruginosa mais il nécessite beaucoup de travail et de nouvelles études multicentriques sont nécessaires pour obtenir des cohortes de patients plus volumineuses.