Les aérosols de colimycine sont efficaces dans les dilatations des bronches avec exacerbations fréquentes et du Pseudomonas aeruginosa. Cette efficacité, déjà fortement soupçonnée, est enfin démontrée, ce qui laisse bon espoir pour l’obtention de l’AMM dans la dilatation des bronches, afin d’agir dans les clous... D’après un entretien avec Clémence MARTIN.

Une étude, dont les résultats sont parus en septembre 2024, dans le Lancet Respiratory Medicine accompagnée de son éditorial, a cherché à démontrer l’efficacité des aérosols de colimycine chez les patients atteints de dilatation des bronches et ayant présenté au moins deux exacerbations à Pseudomonas aeruginosa. Deux essais randomisés ont été réalisés, PROMIS-1 et PROMIS-2, le second n’ayant pas été mené à son terme en raison de la pandémie par COVID-19. Il s’agit d’essais menés en double aveugle aérosols d’antibiotique versus placebo, multicentriques et internationaux. Pour l’étude PROMIS-1, 177 patients ont reçu des aérosols de colimycine et 200 ont reçu un placebo, pendant un an, entre juin 2017 et avril 2020. Les patients ont été revus à 1, 3, 6, 9 et 12 mois. Le critère d’évaluation principal était le taux annuel moyen d’exacerbations.

Des résultats attendus comme le messie

Le professeur Clémence MARTIN, pneumologue, spécialiste de la dilatation des bronches, à l’Hôpital Cochin , à Paris rappelle que l’infection bronchique est l’ennemi numéro un  quotidien des patients atteints de dilatation des bronches et que la lutte contre ces infections est une cible importante pour préserve leur fonction respiratoire. Elle ajoute que les antibiotiques inhalés sont utilisés depuis longtemps, hors AMM, qui n’existe que pour la mucoviscidose, pour les patients atteints de dilatation des bronches. Peu d’essais cliniques ont été réalisés sur ce sujet, et leurs résultats ne sont pas très satisfaisants : les patients sont sélectionnés, les antidotiques utilisés ne sont pas les meilleurs (fluoroquinolones, par exemple)… Pour Clémence MARITN, les résultats de l’étude PROMIS-1 étaient attendus comme le messie et ont d’ailleurs déjà fait l’objet d’une communication à l’ERS, en 2022. Malheureusement, l’étude PROMIS-2, réalisée dans différents pays, a dû être interrompue en raison de la pandémie de COVID-19. Les résultats de PROMIS-1 ont montré une réduction significative des exacerbations avec une diminution de 39%, tous types d’exacerbations confondus, et de 59% pour les exacerbations sévères,  chez les patients ayant reçu les aérosols de colimycine.

C’était un secret de polichinelle…

Clémence MARTIN espère qu’à la suite de la publication de ces résultats, une AMM pour les aérosols  d’antibiotiques dans la dilatation des bronches, hors mucoviscidose, va bientôt être prononcée afin de pouvoir prescrire, « dans les clous », les antibiotiques utiles, comme la colimycine, les aminosides ou l’azithromycine, en aérosols, chez ces patients. Elle précise que, malgré tout, ces prescriptions sont faites depuis longtemps et que les médecins contrôleurs de la CPAM ont fermé les yeux, l’efficacité de cette prise en charge étant  un secret de polichinelle. Clémence MARTIN émet une seule réserve en rappelant que les aérosols de colimycine entrainent fréquemment des bronchospasmes, qui peuvent obliger à interrompre le traitement et elle remarque avec surprise, que dans l’étude PROMIS-1, ces bronchospasmes n’ont été observés que dans 5% des cas. Pour elle, l’une des explications pourrait être l’utilisation d’appareils à aérosols différents : pour l’étude PROMIS 1 les appareils à aérosols I-Neb ont été utilisés. Ces appareils n’existent pas en France mais ont le mérite d’utiliser moins de produit, ce qui peut être à l’origine d’un taux de bronchospasmes significativement moins élevé. En effet, en France, la bronchodilatation avec des aérosols de terbutaline est quasiment systématiquement nécessaire, en association avec les aérosol d’antibiotiques.

En conclusion, les aérosols de colimycine en cas d’exacerbations fréquentes à Pseudomonas aeruginosa chez les patients atteints de dilatation des bronches sont efficaces, au même titre que dans la mucoviscidose et leur AMM dans cette indication permettrait d’éviter les prescriptions hors AMM trop fréquentes…