Pneumologie

Alcool en avion : un facteur aggravant l'hypoxémie hypobarique.

La consommation d’alcool lors de vols longs courriers augmente de manière significative le temps passé avec une saturation en oxygène inférieure à 90%., lors des phases de sommeil. Ce phénomène est aggravé chez les sujets à risque, surtout lorsqu’ls voyagent en première classe ! D’après un entretien avec Bruno DEGANO.

  • 25 Jul 2024
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    Une étude, dont les résultats sont parus en juin 2024, dans Thorax, a cherché à évaluer l’impact  l’alcool sur la saturation en oxygène, pendant le sommeil chez les sujets voyageant sur de vols longs courriers. Il s’agit d’une étude allemande au cours de laquelle les auteurs ont étudiée l’influence combinée de l’alcool et de l’hypoxémie hypobare sur le sommeil, la saturation et la fréquence cardiaque. Pour cela, ils ont sélectionné deux groupes de sujets sains qui ont passé deux nuits dans le laboratoire su sommeil au niveau de la mer, en y dormant 4 heures ou deux nuits dans la chambre d’altitude correspondant à 2438 mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui correspond à la condition hypobare. Les sujet ont consommé de l’alcool avant l’une des deux nuits et ont bénéficié de nuits de récupération de 8 heures. Ils ont ensuite eu un enregistrement polysomnographique, des mesures de la saturation en oxygène et des mesures de la fréquence cardiaque.

     

    Une étude physiologique chez des sujets sains

    Le professeur Bruno DEGANO, chef du service de pneumologie-physiologie du Centre Hospitalier Universitaire de Grenoble Alpes, précise qu’il s’agit ici d’un travail de physiologie réalisé en Allemagne, par une équipe de médecine spatiale, sur des sujets sains ayant un âge moyen de 26 ans, probablement étudiants.  Il rappelle que les cabines des avions sont pressurisées pour une altitude d’environ 2400 mètres, consensus qui fait que la pression d’oxygène inspirée permet d’avoir une saturation à 90% . Bruno DEGANO explique que ceci est vrai en phase d’éveil mais pas pendant les phases de sommeil, même chez les sujets sains, n’ayant pas consommé d’alcool. En avion, durant le temps total de sommeil et durant toutes ses phases, la saturation descend en dessous de 90%. De plus, la désaturation est encre plus profonde chez les sujets qui dorment allongés, en première classe ou classe affaires, car la répartition des liquides est telle que la quantité d’eau est plus importante dans les vois aériennes supérieures, ce qui contribue à augmenter les apnées obstructives, surtout chez les sujets obèses ou atteints d’un syndrome d’apnée du sommeil. Brun DEGANO souligne donc un premier enseignement : à l’altitude hypobarique de 2400mètres, même les sujets sains désaturent.

     

     

    L’alcool allonge le temps passé en désaturation

    Bruno DEGANO rappelle que l’alcool altère la structure du sommeil en diminuant notamment le temps de latence d’endormissement. Ainsi, l’association hypobarie, alcool et sommeil augmente significativement le temps passé avec une saturation inférieure à 90%. La nadir de la saturation est encore abaissé. Pour Bruno DEGANO, l’intérêt de ce travail est factuel : chez les patients à risque, surtout s’ils voyagent allongés, il  ne faut pas consommer d’alcool dans les 12 heures qui précèdent le voyage ni pendant le voyage en avion. La population à risque comporte essentiellement les patients obèses, atteints de syndrome d’apnée du sommeil ou ayant des antécédents cardiovasculaires. En effet,  « quand on livre moins, il faut livrer plus vite », donc le cœur travaille davantage et le risque d’accident cardiovasculaire est augmenté. Bruno DEGANO insiste sur le fait que ces enseignements doivent constituer des conseils à donner en consultation sommeil.

     

    En conclusion, cette étude est réalisée sur des sujets sains donc appliquer ces résultats sur des sujets à risque est une extrapolation, qu’il est toujours difficile de confirmer. Il est toutefois probable que la consigne de ne pas consommer d’alcool avant un voyage en avion est à donner à tous les sujets à risque, notamment obèses, aux antécédents cardiovasculaires ou avec un SADS.

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