Neurologie
SEP et anti-CD20 : risque infectieux et hypogammaglobulinemie
Grace à une efficacité majeure et une très bonne tolérance au quotidien, les anti-CD20 sont largement prescrits chez les patients vivants avec une SEP. Néanmoins, il est rapporté l’apparition d’hypogammaglobulinémies dont les praticiens s’inquiètent. En effet, cette baisse des gammaglobulines est un facteur de risque de présenter à terme des infections sévères.
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Les auteurs ont ici fait une revue de la littérature disponible sur PubMed, Scopus, Embase, Cochrane, et Web of Science et ont analysés les taux de gammaglobulines avant et après traitement, ainsi que le lien avec la survenue d’infections.
39 articles ont été sélectionnés, incluant 20 501 patients traités. Le risque de survenue d’hypogammaglobulinemie est plus important sous Rituximab (18% ie RR= 0.18 [0.11; 0.28], p<0,01) que sous Ocrelizumab (11% ie RR= 0.11 [0.07; 0.16], p<0,01) ou sous Ofatumumab (2% ie RR= 0.02 [0.01; 0.02], p<0,01).
Baisse des gammaglobulines et risque infectieux
La proportion d’hypogammaglobulinemie semble être plus importante chez les patients traités moins de 1 an (19%) que chez ceux traités 4 ans ou 2 ans (différence non significative). Les infections respiratoires sont significativement plus fréquentes chez les patients sous Ocrelizumab (24%) que sous Ofatumumab (1%) ou Rituximab (7%), de même que les infections cutanées ou muqueuses (Ocrelizumab : 6% ; Rituximab 0%). Il n’y a pas de différence pour les infections urinaires ou gastrointestinales.
Seuls les patients sous Ofatumumab ont eu une baisse significative des gammaglobulines entre le début et la fin du traitement (différence moyenne de −0.06 (−0.25; 013,I2=82%, p=0.02) alors qu’elle était non significative sous Ocrelizumab ou Rituximab (p=0.10, 0.26 respectivement).
Baisse surprenante chez les patients sous Ofatumumab
Si la fréquence de survenue d’hypogammaglobulinémie était attendue (Rituximab > Ocrelizumab > Ofatumumab), le fait que seuls les patients sous Ofatumumab aient présenté une baisse significative des gammaglobulines interroge. En effet, il est rapporté une baisse des IgM mais les données des études d’extension de phase III montrent une stabilisation des taux d’IgG. Ces données contradictoires peuvent en partie être expliquées par un biais de sélection dans les articles analysés ici. Les auteurs ne décrivent que les principales infections sous anti-CD20, on regrettera l’absence de données sur les infections sévères.
On retiendra simplement que la repopulation lymphocytaire B prend du temps :24 semaines pour l’Ofatumumab, 72 semaines (écart : 27–175) pour l’Ocrelizumab, et 70 semaines (écart : 0.1–75) pour l’Ublituximab2. Ces chiffres sont à garder en tête pour le praticien qui arrête les traitements car le risque infectieux perdure pendant cette période.
Références :
- Elgenidy A, Abdelhalim NN, Al-Kurdi MA, Mohamed LA, Ghoneim MM, Fathy AW, Hassaan HK, Anan A, Alomari O. Hypogammaglobulinemia and infections in patients with multiple sclerosis treated with anti-CD20 treatments: a systematic review and meta-analysis of 19,139 multiple sclerosis patients. Front Neurol. 2024 Apr 18;15:1380654. doi: 10.3389/fneur.2024.1380654. PMID: 38699050; PMCID: PMC11063306.
- Gassman AL, Nguyen CP, Joffe HV. FDA Regulation of Prescription Drugs. N Engl J Med. 2017 Feb 16;376(7):674-682. doi: 10.1056/NEJMra1602972. PMID: 28199811.