Pneumologie

Kinésithérapie respiratoire, mieux la connaître pour mieux la prescrire.

La réhabilitation respiratoire présente un bénéfice significatif dans la prise en charge des maladies respiratoires chroniques et elle reste pourtant peu accessible. Un groupe de kinésithérapeutes niçois s’est spécialisé dans cette prise en charge, en ville,  et s’est penché  sur les modalités de prescription, qui permettraient sans doute une meilleure accessibilité. D’après un entretien avec Mathilde PROFFIT, Océane HUCK et Marie MAGNI.

  • 13 Jun 2024
  • A A

    Un article, paru en mars 2024, dans la Revue des Maladies Respiratoires, a fait le point sur la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques en kinésithérapie respiratoire. Des kinésithérapeutes spécialisées niçoises,  se sont interrogées sur les raisons pour lesquelles cette prise en charge, dont l’efficacité a déjà été démontrée,  est sous prescrite et si mal connue. Le groupe de kinésithérapie respiratoire de la Société de Pneumologie de Langue Française  a donc commandé un travail décrivant l’intérêt et les modalités de prescriptions de la réhabilitation respiratoire, afin d’apporter une validation scientifique et d’améliorer l’interdisciplinarité. Les auteures ont également décrit avec précision le contenu des séances de rééducation respiratoire.

     

    Un centre spécialisé de kinésithérapie respiratoire en ville

    Mathilde PROFFIT, Océane HUCK et Marie MAGNI, kinésithérapeutes et professeurs de yoga,  auteures de cet article, sont à l’origine de la création de La Bulle, qui est un cabinet, orienté sur la kinésithérapie respiratoire, situé à Nice, dont les locaux et le matériel  sont adaptés aux patients respiratoires, en fonction des recommandations et des études scientifiques. Une équipe d’une dizaine de kinésithérapeutes y pratique la réhabilitation respiratoire de ville, en utilisant, entre autres,  des techniques ventilatoires,  cardio-respiratoires, de l’aérosolthérapie, de l’éducation thérapeutique pré-opératoire et post-opératoire, ainsi que de la méditation, du yoga, une prise en charge en addictologie, au cours de séances quotidiennes d’une heure à une heure trente. Les trois auteures de ce travail se sont interrogées sur le manque d’accessibilité de la réhabilitation respiratoire, alors qu’il est prouvé qu’elle diminue la mortalité de 40%  après une exacerbation, et donc les coûts liés à ces pathologies chroniques. Elles ont donc observé qu’il existait une faille dans les modalités de prescription : la réhabilitation respiratoire est sous ou mal prescrite, ce qui entraîne des rejets par la CPAM, qui tout en encourageant cette prise en charge, effectue des contrôles drastiques.

     

    Réhabilitation respiratoire n’est pas synonyme de désencombrement

    Mathilde PROFFIT, Océane HUCK et Marie MAGNI soulignent le délai de la publication, puisque le texte est validé déjà depuis deux ans et que certains détails sont à modifier. Toutefois, elles expliquent qu’il faudrait un modèle avec une double ordonnance et une ordonnance simple, à intégrer dans les logiciels de prescriptions, qui correspondraient aux attentes de la CPAM et non d’un contrôleur particulier. En effet, certaines ordonnances ont été rejetées car le terme de « BPCO » n’apparaissait pas sur l’ordonnance , ce qui va à l’encontre de la déontologie et du secret médical, qui interdit  de mentionner tout diagnostic sur les prescriptions. De plus, elles expliquent, très justement, que la réhabilitation respiratoire n’est pas synonyme de désencombrement et que les médecins généralistes et les pneumologues doivent comprendre le bénéfice de la réhabilitation respiratoire, même, et surtout,  lorsque le patient n’est pas encombré. On fait trop souvent appel au kinésithérapeute lorsque les difficultés respiratoires apparaissent, mais il est souvent déjà trop tard…

     

    En conclusion, l’intérêt de cet article pratico-pratique n’est pas à démontrer et l’importance de bien prescrire la réhabilitation respiratoire permettrait d’améliorer cette prise en charge, en renforçant le lien ville-hôpital et en favorisant le rôle de surveillance quotidienne de ces patients chroniques par des kinésithérapeutes spécialisés.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.