Troubles du rythme, tension artérielle
Boissons énergisantes : l'impact sur le cœur se confirme
Une équipe américaine a présenté des résultats confirmant les risques cardiovasculaires associés à la consommation de boissons énergisantes.
Un long trajet en voiture ou une nuit de travail en perspective ? De plus en plus nombreux sont ceux qui, à défaut de café ou par choix, consomment des boissons énergisantes. Mais ces produits ne sont pas sans danger. A l'occasion du congrès de l'Association américaine de cardiologie (AHA), des chercheurs de l’université du Pacifique à Stockton (Californie) confirment leurs effets potentiellement dangereux sur le cœur. Deux cannettes suffiraient en effet à faire monter la pression artérielle, et à provoquer des troubles du rythme cardiaque. Des effets qui persisteraient jusqu’à deux heures après la consommation.
Vingt-sept volontaires sains entre 18 et 40 ans ont été répartis en trois groupes. Pendant trois semaines, les sujets du premier ont bu quotidiennement et en une fois deux cannettes d’une boisson énergisante, ceux du second une quantité équivalente d’une boisson au ginseng – l’un des ingrédients des boissons énergisantes – et les derniers une boisson placebo.
Un risque de fibrillation ventriculaire
Tous les jours pendant l’étude, les chercheurs ont mesuré leur pression artérielle et effectué un électrocardiogramme avant l’ingestion et quatre fois dans les six heures suivantes. Les troubles du rythme et la hausse de pression ont été relevés chez les sujets ayant consommé des boissons énergisantes uniquement, jusqu’à deux heures après avoir bu.
En particulier, les scientifiques ont remarqué un allongement de six millisecondes de l’intervalle QT, une donnée fournie par l’électrocardiogramme, qui traduit l’impulsion électrique liée à la contraction du cœur. Cette particularité, si elle s’aggrave, peut conduire à des risques de troubles importants du rythme, comme la fibrillation ventriculaire.
34 décès suspects
Les boissons énergisantes ne sont donc pas inoffensives. Sachin Shah, professeur de pharmacie à l’université du Pacifique et responsable de l’étude, pointe le fait que sur certaines boîtes de médicaments induisant des réactions équivalentes, des mises en gardes sont affichées.
Le Center for Science in the Public Interest, une association de consommateurs américaine spécialisée dans la santé alimentaire, avait alerté en 2014 sur 34 décès suspects. Si le risque reste limité chez des sujets sains ayant une consommation régulière, elles pourraient s’avérer dangereuses pour des personnes souffrant de pathologies cardiaques congénitales, comme un syndrome du QT long.
« En attendant des données plus importantes, les consommateurs devraient prendre des précautions et ne pas suivre aveuglément la mode », conseille le Pr Shah.