Modes de transmission

Zika : sang et sperme surveillés

Un Brésilien a été infecté par Zika après avoir reçu une transfusion sanguine. Les autorités sanitaires françaises vont émettre de nouvelles recommandations.

  • Par Marion Guérin
  • James Gathany/AP/SIPA
  • 06 Fév 2016
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    Zika ne se transmet pas par la seule piqûre d’un moustique. Un jour après l’annonce d’un cas de transmission sexuelle du virus aux Etats-Unis, les autorités brésiliennes signalent un cas d’infection chez un homme ayant reçu une transfusion sanguine. Il s’agirait du premier cas connu de contamination par cette voie au Brésil.

    L’homme était hospitalisé pour des blessures par balle dans un établissement situé à Campinas, une ville industrielle proche de Sao Paulo. En avril 2015, dans le cadre de sa prise en charge, il a reçu de multiples transfusions sanguines. L’enquête a permis de déterminer que l’un des donneurs était lui-même infecté par le virus au moment du prélèvement. Le patient hospitalisé est décédé des suites de ses blessures, et non du virus Zika, précisent les autorités.

    Le Brésil renforce ses recommandations

    Le centre de collecte de sang de l’Université de Campinas a indiqué qu’un autre donneur, venu en mai dans ses locaux, avait été testé positif à Zika. Toutefois, le receveur du sang contaminé n’a pas développé de symptômes.

    Le ministère de la Santé au Brésil a renforcé ses recommandations à destination des banques de sang. Les personnes infectées par Zika ou par le virus de la dengue doivent attendre au moins 30 jours après leur guérison totale pour donner leur sang.

    En France, ce risque de transmission, bien que minoritaire, est pris au sérieux. En 2013, lors de l’épidémie de Zika en Polynésie Française, la question s’était déjà posée, alors que les scientifiques avaient détecté la présence de donneurs contaminés.

    Renforcer la surveillance des poches de sang ?

    « Ce cas de transmission n’est pas étonnant, puisque le virus est présent dans le sang mais qu'il n'est pas détectable durant les cinq premiers jours », commente Daniel Camus, parasitologue, à la tête d’un groupe de travail sur Zika au Haut Conseil de la Santé Publique. Dans les urines, le délai de détection s’élève à dix jours. « Dans le sperme, on ne sait pas », précise le médecin.

    Les experts du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) planchent justement sur le sujet, afin d’établir des « recommandations de prudence » propres à protéger les populations, avec les connaissances scientifiques dont on dispose. Ils fourniront leur avis dans les prochains jours. Une surveillance renforcée des poches de sang pourrait ainsi être mise en place dans les départements français touchés par l'épidémie. 

    PMA et dons de gamètes différés

    De son côté, l’Agence de Biomédecine a émis le 29 janvier des recommandations à destination des établissements de santé, en matière de PMA (Procréation Médicalement Assistée) et de dons de gamètes (ovocytes et spermatozoïdes).

    Ces recommandations prévoient, pour les départements français d’Amérique (DFA), « de différer les dons de gamètes et les nouvelles prises en charge des patients » en PMA. Le HCSP devrait se prononcer sur le délai après lequel les PMA et dons de gamètes pourront reprendre dans ces territoires.

    Pour les personnes revenant en métropole après un séjour dans les DFA, l’Agence recommande de « différer les dons de gamètes et les prises en charge en PMA sur une période de 28 jours après le retour de la zone à risque », ainsi que la réalisation d’un dépistage sur le sperme avant le don ou la prise en charge en PMA.

    Enfin, pour les couples déjà engagés dans une démarche de PMA, il a été recommandé une approche « au cas par cas avec le clinicien en charge du couple ». Ce dernier devra procéder à une « analyse de la situation (bénéfice risque) du couple » et réaliser une RT PCR, technique qui permet de détecter la présence du virus dans le sperme. Le suivi de la grossesse devra s’effectuer conformément aux recommandations du HCSP.

    Ces recommandations ont été émises « à titre conservatoire » et visent à proposer aux patients « les meilleures garanties de prise en charge dans ce contexte exceptionnel », précise l’agence. Elles seront amenées à évoluer en fonction de l’évolution des connaissances sur le sujet.

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