Mesures pour attirer les jeunes médecins
Déserts médicaux : le bilan des 12 travaux de Marisol Touraine
Des garanties de revenus pour les médecins, des bourses pour les étudiants, des maisons de santé... Un an après le lancement du Pacte "territoires santé", Marisol Touraine dresse le bilan de ces mesures anti- déserts médicaux.
Il y a plus d'un an, en décembre 2012, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, lançait son Pacte “Territoires Santé”, avec deux objectifs clairs : lutter contre les déserts médicaux et réduire les inégalités aux soins. Ce lundi, à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), la ministre a ainsi présenté un premier bilan des différentes actions engagées. « Concernant les douze engagements, les premiers résultats du bilan sont très encourageants. Ils doivent conduire à intensifier l’action de tous pour un meilleur accès aux soins. Mais aussi des conditions d’exercice plus attractives pour les jeunes médecins », a expliqué Marisol Touraine. Car depuis le début de son mandat, le gouvernement a voulu favoriser l’activité de nouveaux médecins dans les territoires manquant de professionnels de santé. Notamment en sécurisant leurs 2 premières années d’installation.
200 contrats de praticiens de médecine générale en 2014
Dans le cadre de la lutte contre les déserts médicaux, 180 contrats de PTMG ont été signés depuis le lancement du dispositif en septembre 2013. Ils offrent aux signataires une garantie de revenus et une protection sociale améliorée en matière de congé maternité ou maladie. Concrètement et sous réserve d’un minimum d’activité, le bénéficiaire perçoit ainsi un complément de rémunération garantissant un revenu net mensuel de 3 640€. En contrepartie, les médecins s’engagent à exercer dans un territoire manquant de professionnels, dans le respect des tarifs remboursés par la sécurité sociale.
Du fait de leurs avantages, ces contrats connaissent il est vrai un certain succès chez les jeunes médecins. Ils ont même reçu récemment un satisfecit de la part des médecins de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) qui estiment qu’à l'avenir « ils pourraient servir de modèle à tout le secteur 1 », d'après le Dr Michel Chassang, leur président. Face au succès du dispositif, 200 contrats supplémentaires seront proposés en 2014, a d'ores et déjà annoncé la ministre.
Les internes en médecine toujours mécontents
Par ailleurs, Marisol Touraine avait promis 1500 contrats d’engagement de service public (CESP) d’ici 2017. Ces derniers ont pour but de favoriser l’installation de futurs professionnels par le versement, pendant les études, d’une bourse de 1 200€/mois, en contrepartie de l’engagement à exercer son activité future dans un territoire manquant de professionnels de santé. Cela, pour une durée égale à la durée de versement de la bourse. La ministre va-t-elle réussir à tenir son engagement ?
Cela est probable, car cet engagement a déjà été rempli à près de 40 %. Ainsi, 591 CESP ont été signé en 2013.
De même, les accès aux stages en médecine générale ont été aussi augmentés, même si on est encore loin du 100 % promis par la ministre. De plus, il reste encore quelques points noirs pour faciliter la “vocation” et l’installation des généralistes.
« Par exemple, les internes de cette spécialité manque cruellement de directeurs de thèse », explique Julien Poimboeuf, président de l’InterSyndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale (ISNAR IMG) contacté par Fréquence M, une webradio pour les médecins.
A ce titre, le syndicat réclame d'ailleurs que tous les internes aient une véritable formation au métier de généraliste libéral.
Ecoutez Julien Poimboeuf, président de ISNAR IMG : « On aura du mal à avoir une spécialité qui pourra pleinement s'épanouir tant qu'on n'aura pas plus d'enseignants...» Ecoutez le Dr Claude Leicher, président de MG France : « Ce que nous attendons maintenant avec une certaine impatience c'est les moyens de développer l'exercice ambulatoire en équipe. Nous somme toujours au point mort....» Enfin, un dernier point, le pacte “Territoires Santé” prévoyait de garantir un accès aux soins urgents en moins de 30 minutes d’ici 2015, où en est-on de cet objectif ? Selon la ministre, près de 300 médecins ont répondu présent pour être des médecins correspondant du SAMU dans les zones où les accès sont les plus longs comme en Isère ou en Savoie. La ministre espère doubler ce chiffre en 2014. Elle a par ailleurs annoncé l’achat de 43 hélicoptères dédiés à l’urgence.
Les maisons de santé peinent à voir le jour
En outre, la ministre de la santé a poursuivi les efforts qui ont été faits dans le développement des maisons de santé. Leur nombre a en effet été doublé entre 2012 et 2013. Et près de 600 maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) devraient mailler le territoire d’ici la fin 2014. Marisol Touraine a aussi annoncé que 300 structures pourraient bénéficier du dispositif de la rémunération du travail en équipe en 2014. Mais pour le Dr Claude Leicher, le président de MG France contacté lui aussi par Fréquence M, les médecins attendent les négociations qui vont généraliser ces forfaits.