Santé et environnement

Dépression du post-partum : la pollution de l’air élève les risques pendant au moins 3 ans

Les femmes exposées à des niveaux élevés de certains polluants atmosphériques courent un risque presque quatre fois plus grand que les autres mères de développer une dépression du post-partum pendant au moins trois ans après l’accouchement.

  • Par Alexandra Wargny Drieghe
  • Henadzi Pechan/Istock
  • 13 Sep 2024
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    10 à 20 % des mères sont touchées par une dépression du post-partum dans les semaines suivant l’accouchement, d’après les données de l’Assurance Maladie. Plusieurs facteurs de risque sont connus comme les antécédents psychiatriques, les accouchements traumatiques, les conflits conjugaux ou encore les grossesses pathologiques. À ces quelques exemples peut s’ajouter l’exposition de la future maman à certains polluants atmosphériques pendant le second trimestre de grossesse, affirment des chercheurs de la Keck School of Medicine de l’Université de Californie du Sud aux États-Unis. Leur étude vient d’être publiée dans la revue Science of the Total Environment.

    Dépression du post-partum : les polluants PM10 et NO2 pointés du doigt

    Les scientifiques ont mené une étude longitudinale auprès de 361 mères vivant dans le sud de la Californie, en les suivant du début de leur grossesse jusqu’à trois ans après l’accouchement. Ils ont ainsi pu recueillir des informations concernant leurs symptômes dépressifs pendant ce laps de temps et les ont comparés aux mesures hebdomadaires de la pollution de l’air relevées à proximité de leur domicile. “Ce qui est vraiment nouveau dans ce travail, c’est que nous avons pu étendre l’examen de la dépression au-delà de la première année post-partum, et avons montré l’effet soutenu de la pollution de l’air pendant la grossesse sur les symptômes de la dépression jusqu’à trois ans après l'accouchement”, a déclaré la Dr Tracy Bastain, professeure agrégée de sciences cliniques de la population et de la santé publique à la Keck School of Medicine de l’USC et auteure principale de l’étude.

    En effet, les chercheurs ont constaté que les femmes exposées à des niveaux plus élevés de NO2 entre les semaines 13 et 29 de leur grossesse avaient un risque 3,86 fois plus grand de souffrir d’une dépression du post-partum pendant une période allant jusqu’à 3 ans. Celles exposées à des niveaux plus élevés de PM10 entre les semaines 12 et 28 couraient quant à elles un risque 3,88 fois plus fort. Dans l’ensemble, 17,8 % des femmes présentaient des symptômes dépressifs un an après l’accouchement, 17,5 % après deux ans et 13,4 % après trois ans. En revanche, aucune association n’a été constatée concernant les polluants PM2,5 et l’ozone.

    Réduire l’exposition à la pollution de l’air des futures mères…

    Les résultats de cette étude suggèrent que réduire l’exposition de la future maman pendant le deuxième trimestre de la grossesse pourrait aider à réduire le risque de dépression du post-partum… Mais comment ? Les PM10, qui sont des particules de moins de 10 micromètres de diamètre, peuvent inclure toutes sortes de particules allant de la poussière au pollen, jusqu’aux polluants provenant des usines et des incendies de forêt. Les particules de NO2 proviennent quant à elles de la combustion de combustibles fossiles dans les véhicules et les centrales électriques. Les auteurs conseillent donc aux femmes enceintes d’éviter de faire de l’exercice à l’extérieur pendant les périodes de forte pollution, notamment pendant les heures de pointe du matin et du soir ou pendant les incendies de forêt, et de rester un maximum à l’intérieur pendant les journées chaudes d’été (idéalement avec la climatisation).

    À noter qu’en France, la dépression du post-partum touche plus les femmes vivant dans les régions du Centre Val-de-Loire, de l’Île-de-France et de la Provence-Alpes-Côtes d’Azur, d'après une étude de Santé publique France publiée en septembre 2023.

    …et dépister la dépression du post-partum plus longtemps

    Une autre implication importante de notre travail est que la dépression peut persister bien au-delà des 12 premiers mois du post-partum”, a signalé la Dr Bastain qui insiste pour l’instauration d’un dépistage continu de la santé mentale au-delà de la première année suivant l’accouchement.

    La France est également à la traîne de ce côté ! Si depuis septembre 2022, un “entretien de dépistage systématique” a été instauré autour de la cinquième semaine suivant l’accouchement, avec un second entretien pour les “femmes à risque” autour de la douzième semaine, il n’y a plus de suivi ensuite pour celles qui ne présenteraient pas de signes dépressifs durant cette période.

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