Insolite
Cancer de la prostate : il se met à parler avec un accent irlandais
Après avoir reçu un diagnostic du cancer de la prostate, un patient a soudainement développé le syndrome de l’accent étranger.
Incroyable mais vrai. Dans un rapport, publié dans la revue BMJ Case Reports, des chercheurs et des médecins de l’université Duke (États-Unis) ont décrit un rare cas clinique. Il s’agit d’un homme âgé d’une cinquantaine d’années qui souffre d’un cancer de la prostate métastatique hormono-sensible. Il bénéficiait d’une thérapie de privation d’androgènes et de l’acétate d’abiratérone/prednisone.
Syndrome de l’accent étranger : de quoi s’agit-il ?
Jusqu’ici rien d’anormal, mais ce patient a développé le syndrome de l’accent étranger. Il "s’est présenté avec un accent [de type] 'Irish brogue' incontrôlable malgré l’absence d’origine irlandaise. Il n’avait pas d’anomalies à l’examen neurologique, d’antécédents psychiatriques ou d’IRM montrant des anomalies cérébrales au début des symptômes", ont expliqué les praticiens.
Dans le monde, une centaine de cas du syndrome de l’accent étranger ont été enregistrés. Ce trouble de la parole inhabituel, qui conduit une personne à prendre soudainement un accent étranger sans raison connue, est, la plupart du temps, provoqué par des lésions cérébrales (choc à la tête, opération chirurgicale, accident vasculaire cérébral). Le cas le plus relayé est celui d’une Norvégienne. En 1941, elle a subi un traumatisme crânien lors du bombardement d'Oslo. Quelques mois plus tard, elle s'est mise à parler avec ce qui ressemblait à un accent allemand.
Une progression du cancer de la prostate conduisant au décès du patient
Selon les médecins américains, qui ont rapporté le cas du quinquagénaire atteint d’une tumeur, il a dû faire des examens complémentaires pour comprendre la survenue du syndrome de l’accent étranger. Ces derniers ont révélé "une progression de son cancer de la prostate, malgré des taux d'antigène prostatique spécifique indétectables. La biopsie a confirmé la transformation en cancer neuroendocrinien de la prostate à petites cellules", peut-on lire dans l’étude.
Malgré la chimiothérapie, sa maladie a progressé, entraînant des métastases cérébrales et une paralysie qui a conduit à son décès. "Son cas était très cohérent avec un syndrome neurologique paranéoplasique sous-jacent, malgré un panel sérique paranéoplasique négatif", ont précisé les auteurs. Le syndrome neurologique paranéoplasique est caractérisé par l'apparition aiguë et subaiguë d'un syndrome neurologique associé à un cancer actif ou infraclinique.