Acide urique
Crise de goutte : les boissons sucrées sont déconseillées
Lors d'une crise de goutte, les boissons sucrées sont déconseillées. Voici pourquoi.
La goutte est une maladie chronique qui concerne environ 0,9 % de la population française, les hommes âgés étant les plus touchés. Elle est causée par des niveaux anormalement élevés d'acide urique dans le sang et le dépôt de microcristaux d'acide urique dans les articulations et les tissus environnants, ce qui engendre une inflammation. Cette affection se traduit par des poussées appelées « crise de goutte ». Les malades souffrent alors des douleurs articulaires, avec des rougeurs, un échauffement et un gonflement de la zone atteinte. Le plus souvent, chez les hommes, c’est le gros orteil le plus touché. Chez les femmes, d'autres articulations peuvent être malmenées. En plus de la douleur qu'elle provoque, l'inflammation augmente également les risques cardiovasculaires.
Hygiène de vie
Lors d’une crise de goutte, le médecin prescrit des médicaments et recommande souvent à son patient des changements d’hygiène de vie pour maintenir un taux d'acide urique dans le sang en dessous d'un certain seuil. Comme cet acide provient de la dégradation des purines, molécules contenues dans de nombreux aliments, il faut en général modifier son régime alimentaire. La bière, les alcools forts et les produits tels que la viande rouge, les abats, la charcuterie, les fruits de mer, le maquereau, la sardine ou le hareng doivent être évités, car ils sont riches en purines. Par ailleurs, des experts, dans la revue médicale Prescrire, avertissaient que les boissons sucrées telles que les sodas, jus de fruits et nectars industriels sont également à proscrire. "Le métabolisme du fructose, comme celui de l'alcool, tend à augmenter la production d'acide urique", selon la rédaction.
Pour parvenir à cette conclusion, les experts se basent sur deux études menées sur des dizaines de milliers de personnes. “Après prise en compte de divers facteurs pouvant influer sur le risque de goutte, dont la consommation d'alcool et l'indice de masse corporelle, ces études ont montré un risque de goutte environ deux fois plus grand chez les personnes consommant plus d'une boisson sucrée par jour par rapport à celles n'en consommant pas”, est-il écrit. Enfin, "les patients souffrant de crises de goutte ont intérêt à réduire, voire éviter, les boissons contenant des sucres ajoutés, telles que des sodas". N'oublions pas qu’en principe, les boissons sucrées, même "light", sont mauvaises pour la santé. Les scientifiques les associent souvent à un risque accru de diabète, d'obésité ou encore de maladies cardiovasculaires.
Rôle de la génétique
Sur son site, l’Assurance maladie répertorie déjà les boissons sucrées comme facteur de risque de la goutte. “La goutte résulte d’une augmentation anormale et chronique du taux d’acide urique dans le sang, qui s’explique par un apport alimentaire élevé en purines et surtout par un défaut d’élimination par les reins de l’acide urique. Lorsque la concentration en acide urique excède la limite de solubilité, des cristaux d’acide urique (urate de sodium) se forment et se déposent dans les articulations et autour d’elles. L’acide urique est issu de la dégradation des purines présentes dans de nombreux aliments (aliments riches en protides, alcool, bière, boissons sucrées…). Il est ensuite éliminé par les reins, dans les urines”, est-il ainsi écrit.
Néanmoins, l'alimentation n'est pas le seul facteur de risque de développer la goutte. En octobre 2018, une étude parue dans le BMJ suggérait que la génétique joue un rôle encore plus important dans l'émergence de cette maladie courante. Au cours de leurs recherches, les scientifiques ont étudié les dossiers médicaux de 8 414 hommes et de 8 346 femmes en bonne santé. En analysant leur taux d'acide urique dans le sang, ils ont remarqué que chacun des aliments associés à des niveaux élevés contribuait à moins de 1% de la variation du taux d’urate. Cependant, l'analyse génétique des participants a démontré des facteurs génétiques communs qui expliquaient près du quart (23,9 %) de la variation des ratios.
“Nos données remettent en question les perceptions largement répandues selon lesquelles la goutte est principalement causée par l'alimentation, montrant pour la première fois que les variantes génétiques contribuent beaucoup plus à la goutte que l'exposition par voie alimentaire”, ont indiqué les scientifiques. Par conséquent, "une grande partie de la prépondérance des malades à l'hyperuricémie et à la goutte n'est pas modifiable", ont-ils conclu, appelant à ne plus culpabiliser les patients et à suivre plus attentivement les membres de familles où une personne est atteinte de la goutte.