Psychiatrie

Stress post-traumatique : les chiens peuvent le détecter avant même l'apparition des symptômes

En sentant l’haleine des êtres humains, des chiens dressés peuvent reconnaître l’odeur des réactions à un traumatisme et aider leurs maîtres en les alertant des premiers signes de détresse.

  • Par Chloé Savellon
  • Elayne Massaini/iStock
  • 09 Avr 2024
  • A A

    L’état de stress post-traumatique est un trouble de la santé mentale dont la prévalence est élevée tant chez les militaires que dans la population générale. Les chiens d'assistance pour les patients touchés par ce syndrome constituent une intervention complémentaire et alternative « nécessitant une validation scientifique ». Dans une nouvelle étude, des scientifiques de l’université Dalhousie (Canada) ont voulu savoir si ces animaux pouvaient détecter des composés organiques volatils (à savoir des molécules émises par le corps dans des sécrétions comme la sueur) liés au stress dans l'haleine de personnes ayant des antécédents de traumatisme.

    Les chiens peuvent détecter des marqueurs de stress endocriniens distincts

    Pour mener à bien leurs travaux, l’équipe a recruté 26 adultes, dont 54 % répondaient aux critères diagnostiques du syndrome de stress post-traumatique. Des échantillons d'haleine ont été prélevés au cours de 40 expériences, plus précisément dans un état calme et dans un état de stress induit par l'exposition à des rappels de traumatismes. Ensuite, les participants ont dû remplir un questionnaire sur leur niveau de stress et leurs émotions. Dans un deuxième temps, les chercheurs ont présenté les échantillons d’haleine à deux chiens, Callie et Ivy, qui ont été entraînés à reconnaître l'odeur du stress.

    Selon les résultats, publiés dans la revue Frontiers in Allergy, la précision des chiens dans la distinction entre un échantillon "stressé" et un "non-stressé" était de 90 %. Dans une deuxième expérience, Ivy a obtenu une précision de 74 % et Callie de 81 %. Une analyse plus poussée des performances olfactives des animaux en lien avec les réponses émotionnelles déclarées par les volontaires à l'exposition des rappels de traumatismes a suggéré que les chiens pouvaient détecter des marqueurs de stress endocriniens distincts.

    Stress post-traumatique : leurs performances étaient corrélées avec l’anxiété et la honte

    Les performances d'Ivy étaient en corrélation avec l'anxiété, tandis que celles de Callie étaient en corrélation avec la honte. "Nous avons supposé qu'Ivy était en phase avec les hormones de l'axe sympathique-adréno-médullaire (comme l'adrénaline) et que Callie était orientée vers les hormones de l'axe hypothalamo-pituitaire-adrénergique (comme le cortisol). Il s'agit d'une connaissance importante pour le dressage des chiens d'assistance, car la détection des symptômes précoces du stress post-traumatique nécessite une sensibilité aux hormones de l'axe sympathique-adréno-médullaire", a expliqué Laura Kiiroja, qui a dirigé les recherches.

    Dans le cadre de futures études, les auteurs prévoient de réaliser des expériences pour confirmer l'implication de l'axe sympathique-adréno-médullaire. "Notre étude prouve un concept qui doit être validé par des travaux portant sur des échantillons plus importants. Outre le recrutement d'un plus grand nombre de participants, les études de validation devraient recueillir des échantillons provenant d'un plus grand nombre d'événements stressants afin de confirmer la capacité des chiens à détecter de manière fiable les composés organiques volatils du stress dans l'haleine d'un être humain dans différents contextes."

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