Santé cardiovasculaire
Saturnisme : l'intoxication au plomb serait responsable de 30 % des décès par maladies cardiovasculaires
Une récente étude a alerté sur l’importante proportion de décès par maladies cardiovasculaires liés à l’intoxication au plomb.
Également appelée saturnisme, l’intoxication au plomb est une pathologie grave causée par l’absorption de plomb par l’organisme. Cet élément chimique passe dans le sang, et peut conduire à une anémie, autrement dit à un manque de fer. "Le plomb est particulièrement dangereux pour les enfants et pour les femmes enceintes qui peuvent également contaminer le fœtus", précise l’Agence régionale de santé du Centre-Val de Loire.
Près de 5,5 millions de décès par maladies cardiovasculaires liés à l’intoxication au plomb
Dans une récente étude publiée dans la revue Lancet Planetary Health, des chercheurs ont mis en garde contre les conséquences de l’intoxication au plomb, qui sont, selon eux, largement sous-estimées. Ils ont notamment indiqué que le saturnisme a été responsable de 5,5 millions de décès par maladies cardiovasculaires dans le monde en 2019, et a perturbé les capacités cognitives des enfants de moins de cinq ans, en particulier dans les pays en voie de développement.
Lors de la recherche, Ernesto Sánchez-Triana et Bjorn Larsen, deux économistes de la Banque mondiale, ont examiné le niveau d’intoxication au plomb dans la population de 183 pays en se basant sur des estimations de tests sanguins, qui avaient été modélisées dans le Global Burden of Disease, un programme de recherche. Ces données ont ensuite été croisées avec les conséquences de l’intoxication au plomb.
Saturnisme et maladies cardiovasculaires : des résultats à confirmer
D’après les résultats, 30 % des décès par maladies cardiovasculaires seraient liés au saturnisme, soit un niveau six fois plus élevé que les estimations en vigueur. Pour Bjorn Larsen, ce chiffre est "énorme", et l’impact du plomb serait plus important que celui du tabagisme ou du cholestérol dans le développement des pathologies cardiovasculaires.
Toutefois, ces conclusions sont à prendre avec des pincettes. En effet, des scientifiques se sont montrés méfiants vis-à-vis de certains choix de méthodologie. C’est notamment le cas de Roy Harrisson, expert en pollution aérienne à l’université de Birmingham (Royaume-Uni), qui a considéré ces travaux comme "intéressants, mais sujets à de nombreuses incertitudes". Selon lui, le degré d’intoxication au plomb est difficile à évaluer chez les populations des pays en voie de développement. "S’ils se confirment, ces résultats seront majeurs en matière de santé publique. Mais en l’état, ils ne constituent qu’une hypothèse intéressante", a-t-il noté.