Etude dans 3 000 hôpitaux américains
Hôpital : les urgences saturées font mieux que les services désertés
Un service d’urgences bondé est associé à un meilleur taux de survie pour les maladies aiguës et graves selon une étude. La grande expérience des médecins explique en partie cela.
Les urgences saturées ne signifient pas plus de mortalité… bien au contraire ! Une équipe de chercheurs a passé en revue les dossiers médicaux de 17,5 millions de patients admis dans 3 000 services d’urgences américains. Les résultats parus dans Annals of Emergency Medicine ce 16 juillet, montrent que les patients admis dans les services les plus bondés sont aussi les mieux soignés.
Jusqu’à 24 000 vies sauvées
Pour calculer le lien entre le volume de patients admis dans un service, la qualité du soin et le taux de survie, les chercheurs ont suivi l’état de santé des patients 2 jours après l’hospitalisation puis jusqu’à la fin du séjour. Ils concluent qu’un malade admis dans un service saturé a plus de chance de survivre, particulièrement s’il est atteint d’une maladie aiguë potentiellement fatale.
De manière générale, un patient admis dans un service d’urgences bondé est exposé à un risque de mortalité réduit de 10 % par rapport à un service « déserté. » Lorsqu’on cible des maladies particulièrement préoccupantes, comme une septicémie ou un AVC, les taux de survie sont encore meilleurs dans les urgences les plus sollicitées : le risque de mourir d’une septicémie est réduit de 26 %, et de 22 % pour une insuffisance pulmonaire. Les chercheurs estiment ainsi que 24 000 vies pourraient être sauvées chaque années si tous les patients des urgences étaient traités comme dans les services bondés.
Des médecins plus expérimentés
Plus le volume de patients traités est élevé, plus le taux de survie est bon. Mais comment l’expliquer ? Aux yeux du Dr Keith Kocher, principal auteur de l’étude, plusieurs raisons co-existent. Les 8 maladies à haut risque de décès demandent toutes un haut niveau d’aptitude et des technologies de pointe. Les urgentistes qui voient passer de nombreux patients gagnent plus d’expérience, et peuvent donc diagnostiquer plus vite. Par ailleurs, les services les plus chargés s’appuient souvent sur un hôpital bien équipé. La nature et la localisation de celui-ci n’est d’ailleurs pas étrangère aux bons résultats des urgences.
« Il est trop tôt pour affirmer, à la lumière de ces résultats, que les patients et les secouristes doivent changer leur manière de choisir un hôpital en cas d’urgence », conclut le Dr Keith Kocher. « Le message clé pour les patients, c’est qu’il faut toujours appeler le 15 ou se rendre au service d’urgences le plus proche, parce qu’on ne sait jamais exactement ce dont on souffre. Nous sommes toujours dans le noir total pour expliquer ce qui rend un hôpital meilleur qu’un autre, et la médecine d’urgence n’en est qu’à ses balbutiements pour l’expliquer. »