Etude publiée dans Nature
Découverte du talon d’Achille des bactéries résistantes aux antibiotiques
Des chercheurs ont trouvé le point faible des bactéries résistantes aux antibiotiques. Fermer une « porte » dans leur membrane peut bloquer la résistance.
La fin de la résistance aux antibiotiques aurait-elle sonné ? Une équipe de chercheurs britanniques a découvert le talon d’Achille des bactéries résistantes aux médicaments. Leurs résultats, publiés dans Nature ce 18 juin, sont porteurs d’espoirs : la barrière défensive qui entoure les bactéries en question possède une faiblesse.
Une « porte » nécessaire
Les chercheurs de l’université d’East Anglia (Royaume-Uni) se sont concentrés sur une catégorie de cellules particulièrement résistantes, les « bactéries gram-négatives » dont la membrane extérieure est imperméable aux antibiotiques. Elle agit en effet comme une barrière défensive qui bloque les cellules immunitaires et les médicaments. Jusqu’ici, personne ne savait comment se formait cette membrane. En fait, les cellules véhiculent des « blocs de construction », des lipopolysaccharides, jusqu’à leur surface extérieure par un même chemin.
« Nous avons identifié le chemin et la porte utilisés par les bactéries pour transporter les blocs de construction de la barrière jusqu’à la surface extérieure », se félicite le Pr Changjiang Dong, principal chercheur. « Mais surtout, nous avons démontré que la bactérie mourrait si la porte était verrouillée. C’est vraiment important, parce que les bactéries résistantes aux antibiotiques sont un problème de santé mondiale. »
Le premier pas vers des médicaments
En avril dernier, l’Organisation Mondiale de la Santé a lancé une sinistre alerte : « Le monde s’achemine vers une ère postantibiotique », affirmait alors le Dr Keiji Fukuda, sous-directeur général pour la Sécurité sanitaire à l’OMS. De plus en plus de pays sont concernés par les superbactéries, dont le très redouté staphylocoque dorée résistant (SARM). Et les conséquences sur la santé sont à prendre au sérieux, puisque des maladies que l’on sait guérir pourraient à nouveau tuer.
« Cette étude fournit une plateforme pour une nouvelle génération de médicaments nécessaires de toute urgence », affirme le Pr Chiangjiang Dong. Leur mode d’action : sceller la « porte » par laquelle les bactéries bâtissent leur résistance… et donc supprimer la possibilité d’une résistance.
Les antibiotiques actuels, eux, ciblent le cœur de la bactérie. « Ce qui est vraiment excitant avec cette recherche, c’est que les nouveaux médicaments cibleront spécifiquement la barrière autour de la bactérie plutôt que la bactérie elle-même », estime le Dr Haohao Dong, principal auteur. « Comme les nouveaux médicaments n’auront plus besoin d’entrer dans la bactérie, nous espérons qu’à l’avenir, elles ne seront plus capables de développer une résistance aux médicaments. »