Santé et environnement

Changement climatique : les femmes enceintes de plus en plus exposées à un perturbateur endocrinien imitant les œstrogènes

La toxine fongique zéaralénone, qui “mime” l’œstrogène dans le corps et entrave la reproduction chez certains animaux, est de plus en plus ingérée par la plupart des femmes au cours de leur grossesse mais les scientifiques ne savent pas encore quels sont les risques pour la progéniture.

  • Par Alexandra Wargny Drieghe
  • Halina Teschner/Istock
  • 20 Oct 2024
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    La zéaralénone (ZEN) est une mycotoxine produite par certaines moisissures qui contamine les céréales, les viandes et les aliments transformés du monde entier. Cette substance est un type de myco-œstrogène connu pour ses effets néfastes sur la santé et la reproduction dans les modèles animaux et le bétail.

    Des myco-œstrogènes détectés chez 97 % des femmes enceintes

    Les travaux des chercheurs de Rutgers et de l’Université de Rochester aux États-Unis ont été publiés dans le Journal of Exposure Science and Environmental Epidemiology. 336 femmes enceintes ont participé à l’étude entre 2015 et 2019. “Les participantes ont effectué des visites d’étude à chaque trimestre, comprenant la collecte d’échantillons biologiques et des questionnaires sur la démographie, le mode de vie et les antécédents médicaux. Les placentas ont été prélevés à l'accouchement”, détaillent les auteurs.

    La mycotoxine zéaralénone a été détectée dans 97 % des échantillons d’urine et 84 % des placentas.

    Des concentrations plus élevées chez les femmes consommant des produits ultra-transformés

    Autre constat : les chercheurs ont noté que les femmes ayant un indice de masse corporelle plus élevé et celles ayant déjà accouché avaient tendance à avoir des niveaux de mycotoxines plus élevés dans leurs urines.

    Pour chaque consommation supplémentaire d’aliments ultra-transformés de 1%, il y avait une exposition plus élevée aux myco-œstrogènes”, précise également l’une des auteurs de l’étude, Carolyn Kinkade. À l’inverse, les femmes avec une alimentation saine, en particulier celles consommant plus de légumes et de protéines, avaient des concentrations plus faibles.

    Zéaralénone : une exposition qui augmente avec le changement climatique

    Nous n'en sommes qu’au début de l’étude de la manière dont ces composés affectent le corps humain à tous les stades de développement”, a déclaré Zorimar Rivera-Núñez, professeur adjoint à la Rutgers School of Public Health et autre auteur principal. Le professeur ajoute que cette exposition est liée au changement climatique : “Les données actuelles sur les mycotoxines prédisent que les niveaux de ces produits chimiques augmenteront à mesure que les températures et le climat se réchaufferont.

    Des recherches antérieures de l’équipe ont déjà montré des liens entre l’exposition au ZEN et des niveaux altérés d’hormones sexuelles chez les femmes enceintes et dans le sang du cordon ombilical. Si certaines données scientifiques suggèrent que la zéaralénone pourrait être plus puissante que d’autres perturbateurs endocriniens connus tels que le BPA ou les phtalates, ses effets sur la santé humaine restent encore flous. Les chercheurs aimeraient donc pouvoir examiner la santé des enfants jusqu’à la puberté pour en savoir plus.

    Même si en Europe, il existe des réglementations sur les taux à ne pas dépasser dans l’alimentation à destination des humains, ce n’est pas le cas de tous les pays… En attendant, un conseil des chercheurs qui profitera aussi à votre santé globale : il faut réduire drastiquement sa consommation de produits ultra-transformés !



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