Psychiatrie

Dépression : le besoin de nouveaux traitements reste majeur

Près de la moitié des patients chez qui une dépression a été diagnostiquée seraient à considérer comme étant « résistants au traitement ». De nouvelles études suggèrent en effet que près de la moitié ne répondent pas aux multiples options antidépressives.

  • 23 Mar 2025
  • A A

    La « dépression résistante au traitement » (TRD), définie par l’échec d’au moins deux traitements antidépresseurs consécutifs, affecte environ un tiers des patients souffrant de dépression, « épisode dépressif majeur » au sens du DSM-V. Une étude britannique, menée dans une population de soins secondaires couvrant 1,3 million de personnes, révèle une prévalence encore plus élevée de dépression résistante au traitement avec 47,9% parmi les patients traités pour dépression.

    Selon cette étude, publiée dans le British Journal of Psychiatry, les personnes souffrant de dépression résistante au traitement auraient une complexité clinique accrue, avec davantage de comorbidités psychiatriques (anxiété 30,8% vs 24,5% ; troubles de la personnalité 16,5% vs 11,2%) et physiques (maladies cardiovasculaires 5,5% vs 3,3%) comparées aux patients atteints de dépression non-résistante.

    48% avaient essayé au moins deux antidépresseurs

    L'étude permet de constater que 48% des patients dont le dossier médical électronique fait état d'un diagnostic de dépression avaient essayé au moins deux antidépresseurs, et 36,9% avaient essayé quatre options antidépressives différentes ou plus. Plus la résistance au traitement augmentait, plus les patients avaient des troubles anxieux (p<0,001), des addictions (p<0,001) et une inactivité économique accrue (41,2 % vs 32,6 % pour EDM). L’âge au décès serait significativement plus jeune pour les patients avec dépression résistante au traitement (environ 5 ans plus tôt, p=0,003).

    Concernant l'utilisation des services de soins, les patients avec dépression résistante au traitement seraient moins souvent adressés en médecine générale (40 % vs 45 %), mais davantage vers des services spécialisés (20 % vs 15 %) et hospitaliers (5 % vs 3 %).

    Une approche analytique mixte sur une large base de données

    Cette étude a utilisé une approche mixte, combinant analyse quantitative rétrospective de données provenant des dossiers électroniques de 5136 patients et entretiens qualitatifs avec 15 participants (patients et cliniciens). L'échantillon important et varié assure une bonne représentativité des résultats dans la pratique clinique. Les entretiens qualitatifs révèlent des difficultés à définir et comprendre la dépression résistante au traitement, un sentiment d’impuissance face à l'inefficacité répétée des traitements, et soulignent le besoin urgent de stratégies thérapeutiques individualisées et pluridimensionnelles.

    Ces résultats indiquent clairement la nécessité de trouver de nouveaux antidépresseurs et de développer des parcours de soins spécifiques pour la dépression résistante au traitement, intégrant des interventions psychologiques variées et un soutien continu adapté aux besoins psychosociaux et économiques des patients. Les recherches futures devraient inclure l'intégration des données de soins primaires et explorer les mécanismes spécifiques sous-jacents à la résistance au traitement.

     

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----