Rhumatologie
Maladie à IgG4 : un anticorps anti-CD19+, l’inebilizumab réduit les rechutes
Une étude de phase 3 démontre que l'inebilizumab, un anticorps monoclonal ciblant les cellules B CD19+, réduit significativement le risque de rechutes chez les patients atteints de maladie liée à IgG4, offrant ainsi une nouvelle option thérapeutique potentielle.
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La maladie liée à IgG4 est une affection fibro-inflammatoire, chronique et récidivante, médiée par le système immunitaire Elle est rare, avec une prévalence estimée à 5,3 personnes pour 100 000 aux États-Unis. Elle se caractérise par la formation de masses tumorales riches en cellules B CD19+, ou une hypertrophie indolore des organes, qui peuvent conduire à une inflammation et une fibrose, touchant presque tous les systèmes d’organes, l'atteinte multi-organes étant typique. Les patients peuvent connaître des poussées récidivantes de la maladie, des périodes de réactivation associées à une inflammation et une fibrose accrues, pouvant entraîner une dysfonction progressive des organes et, finalement, une insuffisance d’organes. Les IgG4 ne sont pas toujours élevées dans le sang et le diagnostic repose sur la biopsie.
Les traitements actuels reposent principalement sur l'utilisation de corticoïdes pour induire la rémission et prévenir les rechutes. Cependant, la dépendance aux corticoïdes est problématique en raison de leurs effets secondaires significatifs, en particulier chez les patients âgés avec des comorbidités. Les anti-CD20 (rituximab) ont été essayés sans bénéfice majeur dans de petites études. Une étude, présentée au congrès ACR Convergence 2024 et publiée conjointement dans le New England Journal of Medicine, montre que l'inebilizumab, un anticorps monoclonal ciblant les cellules B CD19+, apporte une réduction significative du risque de rechutes chez les patients traités, ouvrant ainsi la voie à une alternative thérapeutique potentielle.
Une réduction des rechutes et de la consommation de corticoïdes
Dans cet essai clinique de phase 3, multicentrique, randomisé en double aveugle et contrôlé par placebo, 135 patients adultes atteints de maladie liée à IgG4 active ont été randomisés pour recevoir soit l'inebilizumab, soit un placebo, sur une période de traitement de 52 semaines. Les deux groupes ont suivi un protocole de sevrage identique de corticoïdes, et aucun immunosuppresseur de fond n'était autorisé.
Les résultats montrent que seulement 10 % des patients sous inebilizumab ont eu au moins une rechute, comparé à 60 % dans le groupe placebo (RR de 0,13 ; IC à 95 % : 0,06 à 0,28 ; p<0,001). Le taux annuel de rechutes est également significativement plus faible avec l'inebilizumab (rapport de taux de 0,14 ; IC à 95 % : 0,06 à 0,31 ; p<0,001). De plus, un plus grand nombre de patients dans le groupe inebilizumab atteignent une rémission complète sans traitement ni corticoïdes (OR de 4,68 et 4,96 respectivement ; p<0,001).
Concernant la tolérance, des événements indésirables graves sont survenus chez 18 % des patients traités par inebilizumab, contre 9 % dans le groupe placebo, indiquant la nécessité d'une vigilance quant aux effets secondaires potentiels.
Un essai de phase 3, multicentrique, randomisé en double aveugle versus placebo
Les données de cette étude proviennent d'un essai rigoureusement conçu, impliquant des patients présentant une maladie active avec une atteinte multi-organes, ce qui reflète fidèlement la population clinique réelle. La méthodologie en double aveugle versus placebo, sans utilisation concomitante d'immunosuppresseurs en traitement de fond, permet d'attribuer avec confiance les effets observés à l'inebilizumab.
Ces résultats suggèrent que le ciblage des cellules B CD19+ est une stratégie efficace pour réduire les rechutes et maintenir la rémission dans la maladie liée à IgG4. Les implications pour la pratique médicale sont significatives, offrant une alternative potentielle aux corticoïdes, avec l'espoir de réduire les effets indésirables associés à leur utilisation à long terme. Des études supplémentaires, notamment à long terme, sont nécessaires pour évaluer pleinement la sécurité et l'efficacité de l'inebilizumab, ainsi que son impact sur la qualité de vie des patients et la préservation de la fonction organique.