Dans le Bas-Rhin
Tuberculose : 28 % des enfants à risque ne sont pas vaccinés
Dans le Bas-Rhin, 28 % des enfants à risque élevé de tuberculose ne sont pas vaccinés. C'est ce que révèle le Bulletin épidémiologique hebdomadaire publié ce mardi.
Même si elle ressurgit parfois dans des lieux accueillant des populations précaires, depuis plusieurs décennies, l’incidence de la tuberculose n'a cessé de décroître en France. Elle est passée de 30 000 cas en 1972 à environ 6 000 en 2005. Pour cette raison, en 2007, le Conseil supérieur d’hygiène publique de France a préconisé la levée de l’obligation vaccinale contre la tuberculose en population générale.
La vaccination ciblée des enfants à risque élevé de tuberculose reste cependant toujours recommandée. Pourquoi ? « En raison de la persistance dans certains groupes de population résidant en France d’une incidence élevée de tuberculose », soulignent les auteurs du dernier BEH (1) sur le sujet publié ce mardi. Des épidémiologistes ont même défini certains critères (2) permettant de classer les enfants comme ayant un risque élevé de tuberculose. Et pour voir si les parents de ces enfants suivent les recommandations, une étude a été menée en Alsace.
Un taux de participation élevé
Ces chercheurs ont enquêté, pendant l’année scolaire 2012-2013, sur l'étendue de la couverture vaccinale auprès d’enfants de 3 à 4 ans scolarisés en petite section de maternelle. Ils souhaitaient également connaître la proportion des enfants à risque élevé de tuberculose dans le département.
Première bonne nouvelle pour ces scientifiques, le taux de participation à leurs travaux a été de 82,1 % (2 560 enfants dans les 102 écoles enquêtées). Côté résultats, plus d’un tiers des enfants (35,1 %) avait au moins une indication de vaccination par le BCG ("risque élevé"). Cette proportion variait entre arrondissements, de 12,1 % pour Wissembourg à 55,2 % pour Strasbourg-Ville.
Plus d'1 enfant sur 4 à risque élevé non vacciné
Plus inquiétant sans doute, la couverture vaccinale BCG des enfants présentant au moins une indication de vaccination par le BCG était de 72,3 %. Ce qui signifie que 28 % des enfants à risque élevé de tuberculose ne sont pas vaccinés !
Celle-ci était néanmoins « significativement plus élevée » pour les enfants présentant deux indications ou plus par rapport aux enfants qui n’en n’avaient qu’une : 77,1 % contre 65 %.
Enfin, un quart des enfants non considérés comme ayant un risque élevé de tuberculose était vacciné. Précision importante, à chaque fois, le praticien ayant réalisé la vaccination était principalement le médecin de famille.
Face à ces résultats, aucune explication n'est apportée par les auteurs des travaux. Un point est à souligner toutefois, les ventes de vaccins (BCG, DT-Polio) ont fortement diminué en France au premier semestre 2015, par rapport à 2014. Une pénurie et la méfiance des parents expliqueraient le phénomène. Récemment, une enquête de l'Inserm a aussi montré que certains généralistes étaient encore réservés sur la politique vaccinale.
(1) Bulletin épidémiologique hebdomadaire
(2) Enfants nés dans un pays de forte endémie tuberculeuse ; enfants dont au moins l’un des parents est originaire de l’un de ces pays ; enfants devant séjourner au moins un mois d’affilée dans l’un de ces pays ; enfants ayant des antécédents familiaux de tuberculose ; enfants résidant en Île-de-France ou en Guyane ; enfants dans toute situation jugée par le médecin à risque d’exposition au bacille de Koch, notamment ceux vivant dans des conditions de logement défavorables ou socio-économiques défavorables ou précaires ou en contact régulier avec des adultes originaires d’un pays de forte endémie.