Les femmes en première ligne
Les maladies cardiovasculaires tuent deux fois plus que les cancers
Avec plus de 4 millions de morts par an, les maladies cardiovasculaires restent la cause principale de décès en Europe. Et les femmes ont plus de risque d'en mourir que les hommes.
Les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité en Europe, avec plus de 4 millions de décès par an, soit deux fois plus que les cancers, selon des travaux publiés ce mercredi dans l’European Heart Journal. Plus précisément, ce sont les cardiopathies coronariennes qui sont les plus meurtrières, avec 19 % d’hommes et 20 % de femmes qui en meurent chaque année.
Par ailleurs, en analysant les dernières données disponibles de 53 Etats européens membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les chercheurs ont constaté une nouvelle fois d’importantes disparités entre les pays d’Europe.
De fait, les données indiquent maintenant que les maladies cardiovasculaires provoquent moins de décès que les cancers chez les hommes dans 13 pays dont la France, la Belgique, le Danemark, le Portugal, la Slovénie ou encore le Royaume Uni. Et seulement deux pays, le Danemark et Israël, présentent la même situation pour les femmes.
L’Europe de l’Est gravement touchée
En outre, alors que les décès suite à une maladie cardiovasculaire déclinent dans la plupart des pays européens, la grande majorité des décès survient en Europe de l’Est. En effet, seulement 8 pays d’Europe (1) ont un taux de mortalité inférieur à 250 femmes sur 100 000 contre plus de 1000 femmes sur 100 000 en Macédoine, Ukraine ou Moldavie.
Des résultats similaires ont été trouvés chez les hommes. En France, en Israël et en Espagne, moins de 300 hommes sur 100 000 décèdent chaque année d’une maladie cardiovasculaire tandis que celle-ci provoque la mort de plus de 1 500 hommes sur 100 000 en Ukraine et au Turkménistan, pour qui les données les plus récentes datent de 1998. Mais ces disparités sont également visibles en fonction de l’âge. Avant 65 et 75 ans, les hommes et les femmes sont plus susceptibles de mourir prématurément dans l’est de l’Europe que dans le reste de la région.
Crédit : Capture d'écran de la figure 2, "Cardiovascular disease in Europe - epidemiological update 2015", European Heart Journal.
La figure A représente les taux de mortalité chez les hommes à travers toute l'Europe, et la figure B celle des femmes.
Les femmes, premières victimes
L’étude montre que globalement les femmes sont plus susceptibles de mourir d’une maladie cardiovasculaire que les hommes en Europe. En effet, avant 75 ans autant de femmes (36 %) que d’hommes décèdent d’une maladie cardiovasculaire alors qu’avant 65 ans elles sont 26 % à en mourir contre 30 % d’hommes.
Pour le Dr Nick Townsend, auteur de ces travaux et chercheur à l’université d’Oxford (Grande-Bretagne), ces statistiques illustrent la dure réalité du fardeau que les maladies cardiovasculaires font peser sur l’Europe, et en particulier sur les femmes. « Les maladies cardiovasculaires provoquent 49 % des décès chez les femmes et 41 % chez les hommes.
Pour mettre ces données en contexte, les maladies coronariennes tuent 20 % des femmes européennes chaque année alors que le cancer du sein en tue 2 %, souligne-t-il. Manifestement, nous devons poursuivre la sensibilisation des femmes au cancer du sein et accentuer les efforts pour le diagnostiquer et le traiter, mais nous devons aussi reconnaître l’impact des maladies cardiovasculaires sur la santé des femmes en Europe. Je pense que beaucoup de personnes seront surprises d’apprendre combien de femmes en meurent chaque année, comparé à d’autres pathologies. »
Plus de 30 milliards d'euros dépensés
Dans leurs conclusions, les auteurs soulignent également que le poids des maladies cardiovasculaires ne se traduit pas seulement dans le nombre de décès, mais également par le nombre croissant d’hospitalisations, d’interventions chirurgicales et de prescriptions de médicaments. Une source de dépenses colossales pour l’Assurance maladie.
En 2011, la facture s’est élevée à plus de 30 milliards d’euros – une partie étant consacrée aux soins directement liés aux pathologies cardiovasculaires, et l’autre à la prise en charge des facteurs de risques comme le diabète – contre moins de 15 milliards pour le cancer.
Et ces dépenses inquiètent les experts, d’autant que les données montrent que les facteurs de risques que sont l’obésité et le diabète sont en forte progression en Europe et dans les pays peu développés, ce qui pourrait entraîner le renversement de cette tendance favorable.
(1) France, Israël, Espagne, Danemark, Pays-Bas, Norvège, Suisse et Grande-Bretagne.