Observatoire sociétal des cancers

Cancer : les solutions méconnues pour faciliter le retour à l'emploi

La reprise du travail après un cancer est un véritable « parcours du combattant ». Mais, des solutions pour faciliter la réinsertion existent. Elles sont méconnues, selon la Ligue contre le cancer.

  • Par Audrey Vaugrente
  • LCHAM/SIPA
  • 18 Avr 2014
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    Un « accident de parcours », une « épreuve surmontée », un « facteur de précarisation. » Tous les travailleurs atteints d’un cancer ne voient pas la maladie de la même façon. Pour la moitié de ceux qui ont repris une activité après la maladie, il y a un « avant » et un « après » cancer, souligne la Ligue contre le cancer dans son 3e Observatoire sociétal des cancers.

    Les obstacles sont nombreux…

    Le retour à la « vie normale » après un cancer est un marathon semé d’embûches. La maladie elle-même se fait ressentir au quotidien : la moitié des salariés souffrent de la fatigue physique et des effets du traitement. 26% d’entre eux évoquent des difficultés à se concentrer et à mémoriser. Cet état physique se ressent sur l’emploi : la majorité des actifs estime que le cancer n’a pas influencé leur situation professionnelle... mais 12% affirment qu’un changement de poste, ou un travail moins intéressant, leur a été imposé. Ce décalage entre les attentes et la réalité cause souvent un choc.

    « Les personnes malades qui envisagent un retour à l’emploi se vivent comme "convalescentes" », souligne le rapport de la Ligue. « Elles ne perçoivent pas toujours que la maladie peut générer des ruptures profondes dans leur vie professionnelle […] et attendent donc qu’on leur laisse le temps nécessaire pour "guérir" et retourner à la vie normale. » La déception est souvent au bout du chemin : les malades en CDD, intérim ou période d’essai peuvent voir leur contrat interrompu ou non renouvelé. Pôle Emploi se réserve aussi le droit de refuser une nouvelle inscription ou de radier un inscrit qui présente un arrêt de travail.

    … et les solutions peu connues

    Même au moment de la reprise, le cancer reste l’obstacle principal. Pour certains, la nature même du métier pose problème. Pour d’autres, c’est tout un projet de vie qui est bouleversé. Des solutions existent pourtant afin d’accompagner le retour à l’emploi des personnes atteintes d’un cancer. C’est le rôle du médecin du travail ou d’un « médecin conseil », mais aussi de la visite de pré-reprise et des temps partiels thérapeutiques. Ainsi, la moitié des actifs après un cancer ont bénéficié d’une aide à la reprise selon le DOPAS 2013 (Dispositif d’Observation pour l’Action Sociale).

    Mais l’information autour de ces dispositifs d’aide à la réinsertion manque. Le temps partiel thérapeutique jouit d’une forte notoriété (96% des employeurs, 80% des salariés). Le statut de « travailleur handicapé », qui peut être obtenu par les malades, n’est lui connu que d’une minorité des sondés (49% des employeurs, 26% des employés). Sans compter que, le plus souvent, bénéficier de ces droits relève d’un « parcours du combattant », souligne la Ligue. La plupart des actifs ont obtenu un temps partiel thérapeutique ou une visite de pré-reprise. Le statut de travail handicapé ou l’aménagement de poste sont bien plus rarement cités.

    La reconversion doit être envisagée, signale ce 3e Observatoire. C’est le choix de 17% des malades qui ont repris une activité, et de 28% de ceux en recherche d’emploi, avec succès. « Le monde du travail ne s’adapte qu’à la marge et pour une durée limitée aux situations spécifiques des personnes malades », souligne la Ligue dans son rapport. Elle préconise de se protéger avant tout : « Parfois, d’autres choix que le retour à l’emploi sont préférables pour se préserver. » Dans tous les cas, anticiper est la clé pour peser le pour et le contre au moment de la reprise.

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