Rhumatologie

Rhumatisme psoriasique : un inhibiteur de Tyk-2 améliore les atteintes cutanéo-articulaires et la qualité de vie

Chez des patients souffrant de rhumatisme psoriasique avec manifestations cutanées et articulaires, le deucravacitinib, un inhibiteur oral sélectif de Tyk-2, démontre une supériorité de la réponse ACR et de l’amélioration de la qualité de vie par rapport au placebo. Son profil de tolérance favorable soutient son potentiel comme option thérapeutique orale innovante.

  • 11 Mar 2025
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    Le rhumatisme psoriasique (RPso) est une pathologie inflammatoire chronique et hétérogène, touchant à la fois les articulations et la peau, avec des manifestations d’arthrite, de dactylite, d’enthésite et de lésions psoriasiques cutanées ou unguéales. Malgré l’existence de plusieurs traitements, il reste un besoin important de nouvelles options, notamment orales, capables d’agir sur cette diversité des symptômes tout en conservant un bon profil de tolérance.

    Dans ce contexte, les données de l’essai de phase 3, POETYK PsA-2 (IM011-055), viennent éclairer l’efficacité et la sécurité du deucravacitinib, un inhibiteur sélectif de la tyrosine kinase 2 (TYK2). Les résultats présentés lors du congrès annuel de l’American Academy of Dermatology (AAD) montrent que la proportion de patients atteignant une réponse ACR20 (amélioration d’au moins 20 % des signes et symptômes) au bout de 16 semaines est significativement plus élevée sous deucravacitinib (54,2 %) que sous placebo (39,4 %) (p = 0,0002).

    De plus, les investigateurs notent une amélioration notable de la qualité de vie déclarée par les patients, un paramètre essentiel dans le suivi de pathologies chroniques invalidantes comme le RPso. Aucune nouvel effet indésirable n’a été relevée, et le médicament a conservé un profil d’innocuité cohérent avec celui déjà établi en phase 2 dans le RPso et dans des essais de phase 3 dédiés au psoriasis en plaques modéré à sévère.

    Amélioration également des signes cutanés

    Les résultats des critères secondaires renforcent l’intérêt thérapeutique du deucravacitinib. Ainsi, une proportion significativement plus importante de patients traités par deucravacitinib ont obtenu une réponse PASI 75 (amélioration ≥ 75 % des symptômes cutanés du psoriasis) comparativement au placebo à la semaine 16. Par ailleurs, la qualité de vie rapportée par les patients, évaluée par le questionnaire HAQ-DI, a été significativement améliorée par deucravacitinib (variation moyenne de -0,32 versus -0,21 sous placebo, p=0,0013), indiquant une réduction du handicap perçu.

    En termes de tolérance, l’incidence globale des effets indésirables (EI) à 16 semaines est restée conforme au profil attendu du traitement, sans signaux de sécurité inattendus. Dans l’essai POETYK PsA-2, 62,8 % des patients sous deucravacitinib ont eu au moins un EI, contre 54,7 % sous placebo et 73,3 % sous aprémilast (inclus dans cette étude à titre de référence de sécurité). Les événements indésirables graves sont restés peu fréquents (1,9 % avec deucravacitinib, 1,0 % avec placebo et 3,8 % avec aprémilast). Le taux d’abandon pour effet indésirable a également été favorable à deucravacitinib (2,2 %), comparativement à 10,5 % dans le bras aprémilast, soulignant une bonne tolérance clinique globale.

    Un essai de phase 3 randomisé en double aveugle versus placebo sur 1 an

    Les données proviennent d’un essai de phase 3 randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo, mené chez environ 730 adultes atteints de RPso actif, répartis entre patients naïfs de biothérapies (bDMARD) et patients ayant reçu précédemment un anti-TNFα. Cette répartition élargie confère une représentativité clinique notable : elle permet d’évaluer l’efficacité et la tolérance du traitement à la fois chez des patients n’ayant jamais reçu de biothérapies et chez ceux ayant déjà été exposés à des lignes de traitement avancées. Les participants ont été suivis sur une période de 52 semaines, incluant une réallocation à partir de la 16e semaine pour l’ensemble des bras de traitement actifs, selon un protocole rigoureux visant à renforcer la fiabilité et la généralisation des résultats.

    Selon les auteurs, ces découvertes confirment le potentiel de deucravacitinib comme option thérapeutique orale dans un champ encore largement dominé par les biothérapies injectables. Le bénéfice à la fois sur les symptômes articulaires et cutanés, associé à une sécurité d’emploi rassurante, suggère une évolution possible des recommandations de prise en charge. À l’avenir, des études complémentaires devront approfondir l’utilisation de deucravacitinib dans différents sous-groupes de patients (comorbidités métaboliques, antécédents cardiovasculaires) et explorer son association avec d’autres traitements ciblés. Les prochaines recherches devront explorer l’efficacité à long terme du deucravacitinib et son intérêt dans des sous-populations spécifiques, notamment en fonction des antécédents thérapeutiques ou des comorbidités. Des données complémentaires issues de l’étude parallèle POETYK PsA-1, ainsi que des analyses approfondies des sous-groupes et des études en vie réelle, permettront d’affiner sa place dans l’arsenal thérapeutique du rhumatisme psoriasique.

     

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    JDF

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