Cardiologie
Sucre : un impact différencié selon les maladies cardiovasculaires
La consommation de boissons sucrées augmente le risque de maladies cardiovasculaires. En revanche, les associations entre la consommation de sucres ajoutés et les maladies cardiovasculaires varieraient en fonction de la maladie et de la source de sucres ajoutés.

- SB Arts Media/iStock
Les effets néfastes des sucres sont bien connus de tous et leur incidence sur les maladies cardiovasculaires n’est plus à démontrer. Mais est-ce valable pour tous les sucres et pour toutes les maladies ?
Une équipe suédoise a démontré que les résultats étaient en fait variables selon le type de sucre et la manière dont on le consomme.
Plus de maladies cardiovasculaires avec moins de consommations de sucres ?
La consommation moyenne de sucres ajoutés pour les 69 705 participants était de 9,1 % au début de l'étude. Les plus gros consommateurs de sucres ajoutés avaient tendance à être des hommes, à faire plus d'exercice physique et à avoir un niveau d'éducation inférieur à celui des plus petits consommateurs de sucres ajoutés. En outre, les personnes consommant de grandes quantités de sucres ajoutés étaient généralement plus âgées, avaient des apports énergétiques plus élevés et consommaient davantage de garnitures et de boissons sucrées. La consommation de friandises était plus uniformément répartie entre les groupes de consommateurs de sucres ajoutés que celle des autres aliments et boissons sucrés.
Il a été ainsi mis en exergue que la consommation de sucre ajouté était positivement associée à l'AVC ischémique et à l'anévrisme de l'aorte abdominale. Tout en constatant que les risques les plus élevés de la plupart des résultats ont été retrouvés chez les patients ayant la consommation la plus faible.
Des associations linéaires positives ont été observées entre la consommation de garnitures (« toppings ») et l'anévrisme de l'aorte abdominale, et entre celle de boissons sucrées et l'accident vasculaire cérébral ischémique, l'insuffisance cardiaque, la fibrillation auriculaire et l'anévrisme de l'aorte abdominale. Des associations linéaires négatives ont été observées entre la consommation de friandises (pâtisseries, glaces, chocolat et sucreries) et tous les résultats, et entre la consommation de nappages (sucre de table, miel, confitures et marmelades) et l'insuffisance cardiaque et la sténose aortique.
Les chercheurs précisent que cette étude suggère que les associations entre la consommation de sucres ajoutés et les maladies cardiovasculaires varient en fonction de la maladie et de la source de sucres ajoutés. Les résultats soulignent les effets néfastes sur la santé de la consommation de boissons sucrées et indiquent que les risques de maladies cardiovasculaires sont plus élevés lorsque l'apport en sucres est plus faible, ce qui justifie des études plus approfondies.
Sept pathologies cardiovasculaires analysées
Les chercheurs ont analysé les liens entre la consommation de sucres ajoutés et certaines maladies cardiovasculaires. Ils se sont basés sur des questionnaires d’évaluation du régime alimentaire et du mode de vie remplis entre 1997 et 2009 par 69 705 suédois (32 934 femmes (47,2 %) et 36 771 hommes) âgés de 45 à 83 ans (âge moyen de 59,9 ans) et dont l’IMC moyen était de 25,3 kg/m2. Les personnes incluses étaient issues de 2 études de cohortes prospectives faisant partie de l'infrastructure de recherche nationale SIMPLER (infrastructure suédoise pour la recherche environnementale sur le cours de la vie basée sur la population médicale). Les invitations ont été envoyées par courrier à toutes les femmes nées entre 1914 et 1948 vivant dans le comté d'Uppsala et le comté de Västmanland, et à tous les hommes nés entre 1918 et 1952 vivant dans le comté d'Örebro et le comté de Västmanland.
La survenue de 7 pathologies cardiovasculaires a été suivie et analysée, jusqu’au 31 décembre 2019, à partir des registres nationaux suédois : AVC ischémiques (n = 6 912), les AVC hémorragiques (n = 1 664), les infarctus du myocarde (n = 6 635), l'insuffisance cardiaque (n = 10 090), la sténose aortique (n = 1 872), la fibrillation auriculaire (n = 13 167) et l'anévrisme de l'aorte abdominale (n = 1 575). Les associations ont été étudiées à l'aide de la régression de Cox avec des données d'exposition et de covariables mises à jour dans le temps.
3 catégories de sucres étudiées
L’étude a porté sur 3 catégories de sucres : les friandises (pâtisseries, crèmes glacées, bonbons et chocolat), les garnitures (sucre de table, miel, confitures et marmelades) et les boissons sucrées (tous les sodas sucrés et les boissons aux fruits, mais pas les jus de fruits purs).
La consommation de boissons sucrées a été divisée en catégories ≤ 1, >1-3, >3-5, >5-8 et >8 portions/semaine. Celle de friandises a été répartie en ≤ 2, >2-5, >5-8, >8-14 et >14 portions/semaine, et la consommation de garnitures en ≤ 2, >2-7, >7-14, >14-28 et >28 portions/semaine. Les catégories d'aliments et de boissons sucrés ont été établies sur la base de celles précédemment utilisées dans deux autres cohortes suédoises menées à peu près à la même période que la base de référence de la COSM et de la SMC, et ont été déterminées en examinant les courbes restreintes de l'association entre la consommation de sucres ajoutés et la mortalité totale.
Les apports totaux en sucres ajoutés des participants ont été estimés en soustrayant de leurs apports totaux en saccharose et en monosaccharides, les apports en sucres naturellement présents dans les fruits, les légumes, les jus de fruits et les confitures. Les quantités de monosaccharides et de saccharose d'origine naturelle ont été évaluées à l'aide de la base de données suédoise sur la composition des aliments. Les apports en sucres ajoutés (g/jour) ont ensuite été convertis en pourcentage des apports énergétiques non alcoolisés. Cette variable de densité de sucres ajoutés a ensuite été catégorisée en ≤ 5 E%, >5-7,5 E%, >7,5-10 E%, >10-15 E%, >15-20 E%, et >20 E%. Ces groupes ont été conçus pour permettre l'étude d'un large éventail d'apports en sucre, y compris ceux couramment utilisés dans les recommandations nutritionnelles ainsi que les apports extrêmes.