Infectiologie

Infection à VRS de l’adulte : une source majeure d’hospitalisations et de complications

Le virus respiratoire syncytial (RSV) représente une source majeure d’hospitalisations et de complications graves chez les personnes âgées, notamment après 75 ans ou chez les adultes ayant des maladies associées. Ces données pré-vaccinales suggèrent qu’une meilleure couverture vaccinale anti-VRS pourrait sensiblement réduire ce fardeau.

  • Caiaimage/Martin Barraud/istock
  • 28 Jan 2025
  • A A

    Le virus respiratoire syncytial (VRS) est bien connu comme une étiologie fréquente d’infections respiratoires sévères chez le nourrisson. Pourtant, son impact en termes de morbidité et mortalité chez l’adulte, en particulier au-delà de 60 ou 75 ans, demeure largement sous-estimé. Avant que le vaccin contre le VRS ne soit disponible (jusqu’en 2023), il arrivait souvent qu’on ne teste pas systématiquement les patients âgés hospitalisés pour des symptômes respiratoires, vu l’absence de traitement antiviral spécifique.

    Dans cette étude en vie réelle, publiée dans The JAMA Network Open, les données du réseau RSV-NET (RSV Hospitalization Surveillance Network) ont été analysées sur sept saisons (de 2016–2017 à 2022–2023). Quelque 16 575 admissions hospitalières liées à des infections à VRS confirmées en laboratoire ont été recensées, avec une médiane d’âge de 70 ans et une prédominance féminine (58,2 %).

    Les taux d’hospitalisation ajustés, après prise en compte de la sous-détection et de la sensibilité des tests, oscillent entre 48,9 et 76,2 pour 100 000 adultes chaque saison (hors périodes d’anomalies liées à la pandémie de Covid‑19). Les estimations annuelles indiquent de 123 000 à 193 000 hospitalisations, 24 400 à 34 900 admissions en réanimation (ICU) et jusqu’à plus de 8 600 décès hospitaliers. La tranche d’âge des 75 ans et plus représente près de la moitié des hospitalisations et plus de la moitié des décès.

    Surtout les patients âgés ou comorbides

    Parmi les adultes de 60 ans et plus, le VRS s’avère responsable d’un tableau clinico-épidémiologique comparable à celui de la grippe lors de saisons de gravité moyenne (les estimations d’hospitalisations pour la grippe allant de 87 000 à 523 000 chez les plus de 65 ans, selon certaines analyses). Les formes sévères sont fréquentes : près d’un patient hospitalisé sur cinq a nécessité un passage en réanimation, et 4,3% sont décédés à l’hôpital.

    Les patients plus jeunes (18 à 49 ans) forment un plus faible contingent, mais l’issue clinique reste non négligeable chez ceux ayant des comorbidités ou une immunodépression. La tolérance globale du diagnostic et de la prise en charge semble similaire à d’autres virus respiratoires (Covid‑19, grippe). Les périodes 2020–2021 et 2021–2022 marquées par la pandémie ont entraîné des modifications de la saisonnalité habituelle du VRS, avec un pic précoce en 2022 et des fluctuations de l’incidence.

    Des données en population réelle avant l’apparition de la vaccination

    Les données proviennent d’une surveillance en population (RSV-NET) portant sur 58 comtés répartis dans 12 États américains (environ 8 % de la population des États-Unis). Seuls les cas d’hospitalisations confirmées par un test positif (RT‑PCR ou autre) sont inclus, ce qui sous-estime probablement la vraie charge de la maladie puisque la pratique du test VRS demeure peu systématique. Des facteurs d’ajustement (sensibilité des tests, recours variable aux dépistages) ont été intégrés pour tenter de corriger cette sous-détection, mais les intervalles de confiance restent larges. Malgré ces limitations, les estimations concordent avec d’autres travaux épidémiologiques, confortant l’idée qu’il s’agit d’un pathogène de premier plan pour les adultes plus âgés.

    Sur le plan clinique, cette analyse confirme la nécessité d’améliorer la couverture vaccinale chez les personnes à risque, en particulier à partir de 75 ans, et chez les 60 à 74 ans avec des facteurs de risque de forme sévère. Dans un contexte où plusieurs vaccins anti-VRS sont désormais approuvés (et recommandés depuis 2023 aux États-Unis), il est crucial de sensibiliser le corps médical à l’importance de diagnostiquer l’infection à VRS et d’encourager la vaccination des plus fragiles.

    Selon les auteurs, les recherches futures devraient inclure des analyses de sous-groupes (comorbidités, résidents d’Ehpad, facteurs socio-démographiques) pour mieux cerner les priorités en termes de prévention. À plus long terme, il sera également intéressant de mesurer l’impact direct et indirect (diminution des hospitalisations, baisses de coûts de santé) qu’une large vaccination pourrait générer, et de comparer ces bénéfices avec ceux déjà documentés pour la grippe ou la Covid‑19.

     

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----