Obstétrique

Grossesse : les corticoïdes associés à des troubles mentaux chez l'enfant

Les corticoïdes administrés chez la femme enceinte pourraient être responsables de troubles mentaux à long terme chez l’enfant à naître.

  • 25 Jan 2025
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    Chez la femme enceinte, les traitements corticoïdes par voie systémique ne seraient pas sans conséquences chez l’enfant. Une étude danoise parue dans le JAMA a établi un lien entre ces molécules et la survenue de troubles psychologiques et psychiatriques à long terme.

    Le cortisol, corticoïde endogène, joue un rôle important dans le développement du fœtus. Mais l’exposition à un niveau excessif pourrait perturber le développement cérébral.

    Une étude sur plusieurs registres danois

    Cette étude de cohorte a été effectuée sur 1 061 548 enfants (dont 552 004, soit 52 %, de garçons) issus de registres danois nationaux (the Danish Medical Birth Register, the Danish National Prescription Registry, the Danish National Patient Registry, the social and demographic registers et the Civil Registration System).

    Ils étaient nés vivants au Danemark entre 1996 et 2016 et leur suivi a été effectué jusqu’au 31 décembre 2018. Les analyses ont été réalisées de janvier à décembre 2023.

    Des mères sous corticoïdes pour des maladies sous-jacentes

    Tous ces enfants ont été comparés entre eux à l’âge de 15 ans en distinguant 2 groupes : ceux exposés aux corticoïdes systémiques et ceux non exposés, pour une même pathologie sous-jacente de la mère. En effet, 31 518 étaient nés de mères avec un risque d'accouchement prématuré (corticoïdes prescrits pour réduire la mortalité et la morbidité néonatales) et 288 747 souffrant de troubles auto-immuns ou inflammatoires (pour réduire l’inflammation et le symptômes).

    Parallèlement, pour comparaison, une cohorte de 741 283 nourrissons issus de la population générale a été également étudiée, ainsi qu‘une cohorte d'enfants non exposés nés de mères ayant déjà utilisé des glucocorticoïdes (ayant obtenu une ordonnance entre 3 mois et 5 ans avant la date de conception). Les troubles psychologiques étudiés étaient les troubles du spectre autistique, les déficiences intellectuelles, le TDAH et les troubles liés à l'humeur, à l'anxiété et au stress.

    Des troubles psy à l’âge de 15 ans

    Parmi les enfants nés de mères avec un risque d'accouchement prématuré, les risques ajustés entre exposés et non exposés étaient de 6,6 % contre 4,3 % (RR:1,5) pour les troubles du spectre autistique, de 1,6 % contre 1,3 % (RR:1,3) pour les déficiences intellectuelles, de 5,8 % vs 4,3 % (RR:1,3) pour les troubles déficitaires de l'attention avec hyperactivité (TDAH) ; et 7,2 % vs 4,6 % (RR:1,5) pour les troubles de l'humeur, de l'anxiété et du stress.

    Parmi les enfants nés de mères souffrant de troubles auto-immuns ou inflammatoires, les risques ajustés entre exposés et non exposés étaient de 4,8 % contre 3,8 % (RR:1,3) pour les troubles du spectre autistique, de 1,1 % contre 0,8 % (RR:1,4) pour les troubles de l'humeur et de l'anxiété. De 8 % (RR:1,4) pour les déficiences intellectuelles ; de 5,5 % vs 4,4 % (RR:1,3) pour le TDAH ; et de 6,6 % vs 4,6 % (RR:1,4) pour les troubles de l'humeur, les troubles anxieux et les troubles liés au stress.

    Selon les chercheurs, « Les résultats ont été confirmés par l'utilisation d'un comparateur actif et d'un modèle de fratrie. Cependant, il n'a pas été possible d'exclure la possibilité d'une confusion liée à la gravité de la maladie ».

    Ils précisent malgré tout que « Nos données plaident en faveur d'une prudence constante dans l'utilisation des corticoïdes chez les femmes enceintes ».

     

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