Cardiologie

Pré-hypertension : un an de Tai Chi fait mieux sur la pression artérielle que l’exercice physique

Après douze mois de pratique régulière du Tai Chi, une diminution significativement plus importante de la pression artérielle systolique (PAS) est observée par rapport à l’exercice aérobie, renforçant l’intérêt de cette pratique en prévention cardiovasculaire.

  • yacobchuk/istock
  • 30 Déc 2024
  • A A

    La pré-hypertension, définie par une pression artérielle systolique (PAS) comprise entre 120 et 139 mm Hg et/ou une pression artérielle diastolique (PAD) entre 80 et 89 mm Hg, concerne environ la moitié des adultes n’ayant pas d’hypertension déclarée en Chine. Elle est associée à un risque accru d’hypertension, de maladies cardiovasculaires et de lésion des organes cibles. Bien que l’exercice physique, notamment aérobie, soit recommandé pour faire baisser la pression artérielle, des contraintes pratiques (espace disponible, douleurs articulaires) peuvent limiter son application. Le Tai Chi, exercice traditionnel chinois alliant mouvements lents et concentration, a montré son efficacité sur la PA, la stabilité posturale et la capacité respiratoire.

    Les résultats d’un essai clinique randomisé versus exercice aérobie sont publiés dans JAMA Network Open. Il a été conduit dans deux hôpitaux chinois, 342 participants (18 à 65 ans), avec une pré-hypertension, ont été randomisés en deux groupes : Tai Chi (n=173) ou exercice aérobie (n=169). Après douze mois en présentiel quatre fois par semaine, la diminution moyenne de la PAS (principal critère de jugement) est significativement plus marquée dans le groupe Tai Chi (−7,01 mm Hg) que dans le groupe aérobie (−4,61 mm Hg). Cet écart de −2,40 mm Hg (IC à 95%, −4,39 à −0,41 mm Hg ; p=0,02) suggère un bénéfice supplémentaire du Tai Chi pour réduire la PAS en pré-hypertension.

    Des bénéfices mesurés dès le 6ème mois et en particulier la nuit

    Outre la baisse de la PAS mesurée au cabinet à 12 mois, des résultats similaires sont observés dès le 6ème mois (écart d’environ −2,31 mm Hg en faveur du Tai Chi). De plus, la mesure de la PAS ambulatoire sur 24 heures révèle une diminution supplémentaire dans le groupe Tai Chi (−2,16 mm Hg ; p=0,01), l’effet étant particulièrement marqué la nuit (−4,08 mm Hg ; p=0,002). Les résultats suggèrent ainsi une possible réduction de la charge tensionnelle nocturne dans le groupe Tai Chi. L’abaissement du rythme cardiaque nocturne peut laisser supposer une moindre activation sympathique, renforçant l’hypothèse d’un effet relaxant du Tai Chi.

    Les analyses par sous-groupes en fonction de l’âge ou du niveau initial de la PA n’ont pas été en mesure de détecter de différences significatives ; toutefois, le faible effectif dans ces sous-analyses en limite la portée. Sur le plan de la sécurité et de la tolérance, aucun événement indésirable grave n’a été rapporté. Les deux types d’exercice se sont avérés bien supportés sur la durée, avec une bonne adhérence globale des participants. Le groupe Tai Chi a signalé une amélioration du confort articulaire et un ressenti de moindre fatigue, ce qui pourrait faciliter la poursuite de l’activité au long cours.

    Une étude randomisée en présentiel sur un an

    Cette étude prospective, menée de juillet 2019 à janvier 2022, a recruté des adultes âgés de 18 à 65 ans à partir de deux centres hospitaliers publics. La pré-hypertension était définie selon des critères stricts (SBP 120–139 mm Hg et/ou DBP 80–89 mm Hg). Les participants ont été randomisés (1:1) dans un groupe Tai Chi ou aérobie, avec une supervision en présentiel quatre fois par semaine, pendant douze mois. Une définition rigoureuse de la pré-hypertension et l’utilisation de mesures ambulatoires 24 h confèrent une bonne représentativité et robustesse à ces résultats.

    Sur le plan pratique, l’efficacité du Tai Chi pour réduire la pression artérielle se révèle particulièrement intéressante pour la prévention cardiovasculaire : un abaissement même modeste de la PAS peut en effet réduire le risque d’événements cardiovasculaires. Les médecins généralistes et cardiologues peuvent proposer le Tai Chi comme alternative ou en complément à l’exercice aérobie, surtout pour les patients ayant des limitations musculosquelettiques ou recherchant des activités à faible impact.

    Les perspectives de recherche portent sur plusieurs points : l’exploration mécanistique de l’effet sympatholytique potentiel du Tai Chi, la comparaison de différentes fréquences de pratique et la validation de ces observations dans des populations multicentriques et multiculturelles. Enfin, une analyse économique approfondie permettrait de confirmer la pertinence du Tai Chi dans les stratégies de prévention de l’hypertension, notamment en soins de premier recours ou dans les communautés.

     

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----