Gastro-entérologie

Rectocolite hémorragique : bénéfice démontré d’un anticorps anti-IL23

Chez les patients atteints de rectocolite hémorragique modérée à sévère, le risankizumab, un anticorps monoclonal ciblant sélectivement la sous-unité p19 de l'IL-23, améliore les taux de rémission clinique en traitement d'induction et de maintenance.

  • Panuwat Dangsungnoen/istock
  • 23 Jul 2024
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    La rectocolite hémorragique est une maladie inflammatoire chronique de l'intestin qui a une prévalence de 0,4% et se caractérise par des symptômes tels que la diarrhée, les saignements rectaux et l'urgence intestinale. Elle impacte notablement la vide des malades avec une réduction de la qualité de vie et génère des coûts de santé élevés. Les traitements actuels, incluant les corticoïdes et les immunomodulateurs, montrent souvent des réponses insuffisantes et peuvent présenter des effets indésirables graves. Un tiers des patients ne répond pas aux anti-TNF (adalimumab et infliximab).

    Dans une étude sur l'efficacité et la sécurité du risankizumab, un anticorps monoclonal ciblant sélectivement la sous-unité p19 de l'IL-23, chez les patients atteints de colite ulcéreuse modérée à sévère, le bénéfice est démontré en tant que traitement d'induction et de maintenance. L’étude est publiée dans The JAMA Network.

    Bénéfice clinique significatif

    Parmi les 975 patients analysés dans l’essai d’induction, l'âge moyen est de 42,1 ans, 60,1% sont des hommes et 69,6% sont blancs. À la semaine 12, les taux de rémission clinique sont de 20,3% pour le risankizumab contre 6,2% pour le placebo (différence ajustée de groupe, 14,0% [IC à 95%, 10,0%-18,0%], p < 0.001).

    Parmi les 548 patients analysés dans l’essai de maintenance, l'âge moyen est de 40,9 ans, 57,1% sont des hommes et 74,3% sont blancs. À la semaine 52, les taux de rémission clinique sont de 40,2% pour 180 mg de risankizumab, 37,6% pour 360 mg de risankizumab, et 25,1% pour le placebo (différence ajustée pour 180 mg de risankizumab vs placebo, 16,3% [IC à 97,5%, 6,1%-26,6%], p < 0.001; différence ajustée pour 360 mg de risankizumab vs placebo, 14,2% [IC à 97,5%, 4,0%-24,5%], p = 0.002).

    Le risankizumab améliore également les scores de réponse clinique, les scores d'amélioration endoscopique et de rémission endoscopique par rapport au placebo. La qualité de vie, mesurée par le score IBDQ, a montré une amélioration significative (42,6 points pour le risankizumab contre 24,3 points pour le placebo).

    Aucun signal d'événements indésirables graves n'a été détecté. Les événements indésirables les plus fréquents incluaient la Covid-19 et l'anémie dans le groupe risankizumab, comparativement à une poussée de rectocolite hémorragique et une anémie dans le groupe placebo.

    Une double étude d’induction et d’entretien

    Deux essais cliniques de phase 3, multicentriques, randomisés et contrôlés versus placebo ont été menés. L'essai d'induction a inclus 977 patients dans 261 centres cliniques à travers 41 pays, et l'essai de maintenance a inclus 754 patients dans 238 centres à travers 37 pays. Les patients devaient avoir une rectocolite hémorragique active modérée à sévère et une intolérance ou une réponse insuffisante à un ou plusieurs traitements conventionnels ou avancés.

    Pour l'essai d'induction, les patients ont été randomisés (2:1) pour recevoir 1200 mg de risankizumab ou un placebo, administrés par voie intraveineuse aux semaines 0, 4 et 8. Les patients ayant répondu cliniquement au risankizumab ont été inclus dans l'essai de maintenance et randomisés (1:1:1) pour recevoir soit 180 mg ou 360 mg de risankizumab par voie sous-cutanée, soit un placebo, toutes les 8 semaines pendant 52 semaines.

    En pratique

    L’IL-23 est une cytokine est impliquée dans l'inflammation intestinale et la pathogenèse de la rectocolite hémorragique. L’IL-23 stimule la prolifération des populations de cellules inflammatoires et soutient l'activation d'autres cytokines, y compris l'IL-17 et l'IL-22. L'ustekinumab, qui cible la sous-unité p40 partagée entre l'IL-12 et l'IL-23, et le mirikizumab, qui cible la sous-unité p19 spécifique à l'IL-23, ont déjà démontré le potentiel thérapeutique de cette voie dans les colites ulcéreuses. Le risankizumab est un anticorps monoclonal IgG-1 qui cible sélectivement la sous-unité p19 de l'IL-23, bloquant ainsi la signalisation via le récepteur de l'IL-23.

    Chez les patients atteints de rectocolite hémorragique modérée à sévère, le risankizumab démontre une efficacité supérieure au placebo pour améliorer les taux de rémission clinique dans les essais d'induction et de maintenance. Ces résultats sont en faveur de l'utilisation du risankizumab comme option thérapeutique prometteuse, nécessitant toutefois des études complémentaires pour évaluer les bénéfices à long terme au-delà des 52 semaines de suivi.

     

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