Deux pays candidats
Brexit : l’Agence européenne du médicament devra déménager
L’Agence Européenne du Médicament, située à Londres, devrait être relocalisée. La Suède et le Danemark se sont portés candidats.
C’est désormais officiel : le Royaume-Uni ne fait plus partie de l’Union Européenne. Parmi les nombreux points à régler, les multiples traités à renégocier, il faudra s’interroger sur le devenir d’une institution : l’Agence Européenne du Médicament (EMA), dont le siège se situe actuellement à Londres. Mais plus pour longtemps…
La problématique semble très administrative, mais elle soulève plusieurs questions pratiques. L’EMA est chargée d’évaluer les produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux), et de délivrer leur autorisation de mise sur le marché européen – en France, son équivalent est l’ANSM. Avec le Brexit, la situation géographique de l’EMA devient intenable.
"Complexité"
Consciente des enjeux, l’industrie pharmaceutique s’est fortement mobilisée pendant la campagne en faveur du « Remain », à grands renforts d’arguments catastrophés. Dans une tribune publiée dans le Guardian, une centaine de personnalités issues du secteur se sont alarmées des conséquences d’un Brexit, qui « ajouterait de la complexité, ce qui est mauvais pour le business et la recherche ».
Toutefois, un déménagement de l’EMA ne devrait pas être particulièrement contraignant, à en croire les observateurs. En revanche, cela risque de prendre un peu de temps. « Il y a beaucoup d’experts qui y travaillent avec un statut de fonctionnaire international, elle ne sera pas relocalisée du jour au lendemain, estime Claude Le Pen, économiste de la santé. Par ailleurs, il faudra choisir l’endroit ; il y a aura des tiraillements et des négociations qui peuvent retarder les échéances ».
La France disqualifiée
De fait, toute la question est de savoir où l’EMA élira nouveau domicile. La Suède et le Danemark se sont déjà portés candidats ; les deux Etats font figure de favoris pour accueillir le siège de l’institution. « Il est peu probable que des pays traditionnels comme la France ou l’Allemagne soient désignés, juge Claude Le Pen. La France est très mal placée à cause de l’affaire Mediator et du discrédit de l’expertise médicale française qu’elle a induit ».
Par ailleurs, l’Hexagone est en perte d’influence au sein de l’EMA ; sa voix ne pèse plus très lourd dans les négociations depuis quelques années. « Des petits pays nordiques qui ont fait leur preuve sur le plan scientifique ainsi que sur les questions d’éthique et d’intégrité ont davantage de chances d’accueillir le siège ».
Quant au Royaume-Uni, le pays risque fort de perdre, lui aussi, son influence au sein de l’EMA – si toutefois il décide de rester sous le régime réglementaire de l’Europe. Selon la presse britannique, le Royaume-Uni pourrait en effet se rapprocher de la FDA américaine (la Food and Drug Administration). Or, cela complexifiera considérablement l’accès aux médicaments pour les Anglais, à en croire les signataires de la tribune qui prédisent des retards de mise sur le marché des médicaments Outre-Manche.