Etude sur 3 200 hommes

Alzheimer : la "perte" du chromosome Y augmente le risque

La perte du chromosome masculin Y peut être liée à la maladie d'Alzheimer. Les hommes qui ont cette mutation sont 2,8 fois plus à risque de développer la pathologie.

  • Par Audrey Vaugrente
  • Andreus/epictura
  • 24 Mai 2016
  • A A

    C’est sans doute un des chromosomes les plus chers à ces messieurs. De fait, c’est grâce à lui qu’hommes et femmes se différencient. Mais avec l’âge, certaines cellules perdent leur chromosome Y. C’est notamment le cas de celles du sang. Les conséquences sur la santé sont variées. La dernière, mise en évidence par l’université d’Uppsala (Suède), se situe au niveau du cerveau. Les hommes qui perdent leur chromosome Y sont plus à risque de développer la maladie d’Alzheimer, apprend-on dans l’American Journal of Human Genetics.

    L’immunité en cause

    Quelques 3 200 hommes, âgés de 37 à 96 ans, ont pris part à cette étude. Parmi eux, 17 % présentaient une perte du chromosome Y. Ce phénomène survient surtout après 80 ans. Cette mutation génétique est la plus fréquente au cours de la vie d’un homme. Une publication précédente a montré que le tabagisme augmente la probabilité de la développer de 400 %. C’est justement lors de cette étude que le Pr Lars Forsberg s’est intéressé aux effets de la mutation sur la maladie d’Alzheimer.

    « Les cellules sanguines que nous avons étudiées sont impliquées dans le système immunitaire ; le fait que leur perte du chromosome Y soit associée à la maladie d’autres tissus est frappant, explique-t-il. Nous avons donc supposé que la perte du chromosome Y dans les cellules sanguines entraîne la dégradation d’une partie de la fonction immunitaire. »

    Dépister pour agir tôt

    La perte du chromosome Y est repérable dès qu’elle touche au moins 10 % des cellules sanguines. Les chercheurs l’ont donc recherchée chez les participants. Ils ont observé que les hommes souffrant d’un Alzheimer diagnostiqué présentaient plus souvent cette mutation. Le risque est presque triplé par rapport aux volontaires en bonne santé. Mais la perte du chromosome Y pourrait aussi être un marqueur de la maladie, selon les chercheurs.

    La rechercher en population générale pourrait s’avérer utile, estime le Pr Frosberg. Cela « offrirait aux médecins la possibilité de mettre au point des stratégies de prévention pour les hommes à risque », illustre-t-il. Dans le cancer par exemple, il serait possible d’agir avant le stade métastatique. « Si nous pouvons prédire quels hommes sont à risque accru de cancer, nous pourrons suivre de près le développement de la maladie et utiliser les traitements appropriés », conclut Lars Frosberg.

    Les mécanismes et les causes sous-jacents ne sont pas encore connus. L’équipe suédoise s’attelle actuellement à la recherche des effets de la perte du chromosome Y dans différents groupes d’hommes pour répondre à cette interrogation.

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