Manque d’accès aux traitements

Santé mentale : un malade sur trois vit en Chine ou en Inde

Un tiers des personnes souffrant de troubles mentaux ou neurologiques vit en Chine ou en Inde. Ces pays offrent aussi une mauvaise prise en charge à leurs patients.

  • Par Audrey Vaugrente
  • cozyta/epictura
  • 19 Mai 2016
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    Les pathologies mentales sont mises au ban de la société, dans certains pays plus que d’autres. Une série spéciale du Lancet Psychiatry se penche sur la situation en Inde et en Chine. A eux deux, ces pays représentent un tiers des pathologies mentales, neurologiques et des abus de substances dans le monde. Et pourtant, la prise en charge reste très marginale dans les deux Etats les plus peuplés de la planète.

    Le manque de diagnostics

    2,5 milliards de personnes vivent en Chine et en Inde. Le poids des maladies mentales est proportionnel à cette population gigantesque : en 2013, le nombre d’années de vie en bonne santé perdues était estimé à 36 millions pour la Chine, et 31 millions pour l’Inde. Cette donnée devrait poursuivre sa progression dans les années à venir.

    L’abus de substances est de loin le problème le plus courant, les drogues en tête, dans ces deux Etats géants. Mais la démence représente un problème de plus en plus prépondérant. La progression attendue en Inde est de 82 %, celle en Chine de 56 %.


    A eux deux, les pays rassemblent plus de pathologies mentales et neurologiques que l’ensemble des pays industrialisés. Ce n’est pas pour autant que les patients accèdent au diagnostic. En fait, seuls 6 % des Chinois concernés cherchent un traitement. Et 40 % des personnes atteintes de troubles psychotiques n’ont jamais consulté de professionnel de santé. La situation est tout aussi inquiétante en Inde : un dixième des patients reçoivent des traitements approuvés.

    Une politique progressive

    Le problème réside en partie dans le type de médecine disponible dans ces pays. Deux formes coexistent : les techniques alternatives et les approches traditionnelles. Nombreux sont ceux qui se réfèrent au yoga ou à la foi pour apaiser leurs souffrances. Plus de coopération entre les secteurs devrait améliorer l’accès aux soins spécialisés, estiment les auteurs.

    « L’Inde dispose d’une politique progressive au sujet de la santé mentale, mais la mise en place de services compréhensifs destinés aux communautés est inégale et le fossé dans l’accès aux traitements est très large, particulièrement dans les zones rurales », explique le Pr Vikram Patel, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine.

    Une volonté politique

    Les chercheurs soulignent aussi le manque d’investissement du secteur public dans la santé mentale. En Inde, moins d’1 % des revenus du pays est injecté dans ce domaine. Cela se traduit par une mauvaise formation des professionnels de santé et un accès inégal aux services appropriés. En Chine, une loi a été votée en 2012 et a fixé des objectifs. Mais le plus dur reste à faire. « Le défi actuel est de mobiliser les ressources et une volonté politique durable sera nécessaire pour atteindre tous les objectifs de la loi », insiste le Pr Michael Phillips, de la Shanghai Jiao Tong University. Il salue toutefois les efforts réalisés dans l’accès gratuit aux médicaments antipsychotiques, même si les zones rurales restent défavorisées.

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