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Harcèlement sexuel : 3 femmes sur 10 y ont déjà été confrontées
Suite à l'affaire D. Baupin, 18% des Français interrogés par ELABE déclarent avoir déjà subi un harcèlement sexuel, dont 28% des femmes. Beaucoup jugent la société trop laxiste.
L'affaire Denis Baupin, accusé de harcèlement et d''agressions sexuelles par huit femmes, a sans doute délié les langues. D'après un Sondage ELABE (1) pour BFMTV, 18 % des Français interrogés déclarent avoir déjà été victimes de harcèlement sexuel. Plus précisément, 8 % des personnes interrogées affirment en avoir été victime « plusieurs fois » et 10 % « une fois ». Le harcèlement sexuel apparaît comme un phénomène dont les femmes sont plus fréquemment victimes que les hommes : 28 % d’entre elles déclarent y avoir déjà été confrontées (13 % « plusieurs fois » et 15 % « une fois »), contre 7 % des hommes (3 % « plusieurs fois » et 4 % « une fois »).
Un phénomène répandu pour la quasi totalité des Français
Et face à ces chiffres préoccupants, les Français ne se voilent pas la face. Huit sur dix considèrent qu’aujourd’hui en France, le harcèlement sexuel est un phénomène « très » ou « assez » répandu. Près de 20 % estiment qu’il s’agit d’un phénomène « très répandu » et 60 % d’un phénomène « assez répandu ». Les femmes sont 85 % à considérer le phénomène « très répandu », ce qui s’explique par le fait qu’elles en sont plus souvent les victimes. Les hommes, sont eux 70 % à estimer que le harcèlement sexuel est aujourd’hui un phénomène répandu en France.
Face à ce sentiment, seuls 20 % des interrogés pensent que la société française « lutte comme il faut contre le harcèlement sexuel ». Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à considérer que la société française n'est pas assez active : 85 % dénoncent un certain laxisme, contre 74 % des hommes.
Un hotline juridique éphèmère en place
Alors, pour tenter de faire tomber la chape de plomb qui entoure les violences sexuelles, la Fondation des Femmes vient de lancer une hotline juridique éphémère et gracieuse : « 7 jours pour briser la loi du silence », espère-t-elle. Elle évoque notamment « l’univers de la politique et ses enjeux de pouvoir qui en font un lieu où le secret et le silence, encore plus qu’ailleurs, prévalent ».
Pour que les victimes d’hommes politiques et d’élus de la République puissent témoigner, la commission juridique de la Fondation des femmes met ainsi à disposition plus de 25 avocat(e)s qui se rendront disponibles pour conseiller les victimes gratuitement. Pour en bénéficier, il suffit de s’inscrire avant le 18 mai sur ce formulaire.
Les personnes, qui peuvent s’inscrire anonymement, seront recontactées et se verront proposer une session gratuite de conseil juridique. Elles pourront donc mieux connaître leurs droits et leurs possibilités d’action. La Fondation des Femmes recommande, par ailleurs, à toutes les victimes de s’adresser au Collectif Féministe Contre le Viol au 0800 05 95 95 qui possède une expertise irremplaçable en terme d’écoute et de suivi.
Laurence Rossignol veut changer la loi
A ce sujet, Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes, a souhaité mercredi sur Europe1 que l'accès à la justice des victimes de harcèlement sexuel soit « facilité », avec la possibilité pour les associations de porter plainte à leur place. La ministre a aussi jugé « trop court » l'actuel délai de prescription - trois ans - pour les faits de harcèlement sexuel et appelé le Sénat à voter « dans les mêmes termes » que l'Assemblée « et dans les meilleurs délais » une proposition de loi portant ce délai à six ans.
(1) Sondage réalisé par Internet les 10 et 11 mai 2016 sur un échantillon de 950 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.