Zones cérébrales motrices
Lecture : se mettre dans la peau d'un personnage est bon pour le cerveau
Lire un bon roman modifie de manière positive la biologie du cerveau : meilleures connexions, émotions ressenties… Une étude montre que cet effet bénéfique dure au moins 5 jours.
Si lire davantage fait partie de vos résolutions du Nouvel An, voici une étude qui va vous encourager. La lecture provoque une émotion particulière qui laisse des traces dans la biologie du cerveau, affirment des chercheurs de l’Université d’Emory (Géorgie, Etats-Unis). Les résultats sont parus ce 31 décembre dans la revue Brain Connectivity.
Pompéi de Robert Harris
« Les histoires façonnent nos vies et, dans certains cas, aident à définir qui nous sommes. Nous avons voulu comprendre comment ces récits pénètrent dans notre cerveau, et ce qu’ils lui font, » explique le neuroscientifique Gregory Berns. Afin d’observer l’action de la lecture sur le cerveau, les scientifiques ont utilisé l’imagerie à résonnance magnétique (IRM). A l’aide des résultats, ils ont identifié les différents réseaux cérébraux liés à la lecture et ses effets sur la fonction neurologique.
Pour illustrer les bienfaits de la lecture, les chercheurs ont choisi le thriller Pompéi de Robert Harris. Ils expliquent le choix de ce roman par ses qualités captivantes. Les participants à l’étude se sont présentés à 5 IRM matinales, sans avoir lu la veille. Ils ont ensuite lu chaque soir pendant 9 jours des sections de 30 pages du récit et passé des IRM le lendemain. Enfin, pendant encore 5 jours, ils se sont à nouveau présentés sans avoir lu.
Un « muscle de la mémoire »
Le cerveau se modifie après une lecture. Le cortex temporal gauche, zone du cerveau associée à la réceptivité du langage, produit davantage de connexions après avoir lu un roman captivant. « Même si les participants ne lisaient pas vraiment le roman pendant qu’ils passaient l’examen, ils conservaient cette connectivité élevée, » souligne le Dr Berns. « C’est ce qu’on appelle une « activité fantôme », presque comme un muscle de la mémoire. »
Cette étude nous apprend aussi que « se mettre dans la peau d’un personnage » est une expression bien concrète. Le sillon central du cerveau, région du moteur sensoriel primaire, présente une connectivité élevée après une soirée de lecture. Cette région est aussi associée à la représentation de ce que le corps ressent. Ainsi, lorsqu’on lit un roman captivant, le cerveau interprète physiquement les actions du personnage. C’est ce qu’on appelle le grounding. « Nous savions déjà que les bonnes histoires peuvent vous mettre dans la peau de quelqu’un d’autre au sens figuré. A présent, nous voyons qu’autre chose a lieu au niveau biologique, » s’amuse le Dr Berns.
Ces réactions se produisent au moment de la lecture et durent un certain temps. « Le fait que nous les détections après quelques jours pour un roman choisi au hasard suggère que vos romans préférés ont certainement un effet plus fort et plus long sur la biologie de votre cerveau, » ajoute le Dr Berns. Et la lecture n’est pas seulement bonne pour les connexions cérébrales puisqu'une étude récente a démontré que dévorer de grands romans stimule l’intelligence émotionnelle, l’empathie. Une autre suggère que cette activité aide à perdre du poids. En bref : lire est bon pour le corps comme pour l’esprit.