Suivi depuis 1938
La vie sociale, clef du bonheur et de la santé
Une étude américaine inédite montre que les personnes avec une vie sociale plus épanouie conservent une meilleure santé tout au long de leur vie.
Lancée aux États-Unis en 1938, sous la présidence de Franklin Roosevelt, la Grant Study est l'étude de cohorte la plus longue jamais réalisée sur le développement humain. Elle comptait au départ 724 hommes, tous blancs, mais divisés en deux groupes : celui des étudiants de Harvard, dont un certain John Kennedy, et celui de jeunes hommes des quartiers pauvres de Boston. Ces derniers vivaient pour la plupart dans des logements, mais beaucoup sans eau courante. Il en reste aujourd'hui une soixantaine, tous âgés de plus de 90 ans.
L'équipe de recherche, dirigée depuis 2003 par Robert Waldinger, psychiatre à Harvard, a tout au long de cette étude relevé périodiquement différents facteurs physiques et émotionnels, à partir de questionnaires, d'interviews ou d'examens médicaux. De nombreuses informations ont été tirées de ce suivi de jeunes adultes jusqu'à la vieillesse, mais selon le quatrième directeur de recherche, le message le plus clair est que les participants les plus heureux et en meilleure santé, sans distinction de niveau de vie, sont ceux qui ont maintenu tout au long de leur vie des relations étroites avec d’autres personnes, qu'ils s'agissent de relations amicales, amoureuses ou au sein d'une communauté.
Une différence dès 40 ans
« Les personnes qui se sont plus isolées des autres qu'elles ne le souhaitaient sont moins heureuses. Leur santé a décliné plus tôt dans la quarantaine et elles ont souvent eu une vie plus courte que les personnes qui ne sont pas restées seules », a expliqué le psychiatre à l'occasion d'une conférence rapportée par TED Talk. L'impact des relations conflictuelles est également important : un mariage sans affection et avec beaucoup de conflits est en effet lié à de mauvais indicateurs de santé, plus qu'un divorce.
La vie sociale ne protège pas seulement le corps, mais également le cerveau. Les personnes âgées de plus de 80 ans qui peuvent compter sur leurs relations en cas de nécessité conservent ainsi leurs souvenirs plus longtemps. Ces relations n'ont d'ailleurs pas besoin d'être lisses dans le temps. Des disputes, suivies de réconciliations, ne sont pas une barrière à la mémoire.