Association Oppelia
Alcool et adolescents : des repères pour une consommation responsable
L’association Oppelia propose une stratégie concrète pour accompagner les jeunes dans leurs expériences avec l’alcool, et pour aider les parents à adapter leurs messages.
A chaque âge sa consommation d’alcool appropriée. Alors que le lobby de l’alcool, représenté notamment par Vin & société, s’est employé à inonder la presse d’une campagne publicitaire fondée sur une « consommation responsable », l’association Oppelia a décidé de monter au créneau afin de proposer ses propres repères de consommation à destination des jeunes.
De fait, la campagne de Vin & Société suggère que l’on peut boire deux verres d’alcool quotidiens pour les femmes, et trois pour les hommes, avec un jour d’abstinence par semaine, sans prendre de risque sanitaire. Or, un tel message, en plus d'être erroné, peut avoir des effets ravageurs pour des jeunes qui se l’approprieraient, car leur consommation d’alcool répond à des règles et des restrictions fort différentes de celle des adultes.
Avant quinze ans : soirées encadrées sans alcool
Oppelia, association spécialisée dans les questions d’addiction, propose donc une grille de lecture spécifique pour accompagner les jeunes dans leurs expériences avec l’alcool. Ces repères allient consommation -vraiment- responsable et stratégie pédagogique à destination des adolescents et de leurs parents.
Pour les jeunes de moins de 15 ans, l’association préconise le zéro alcool. De fait, à cet âge, le cerveau des adolescents est encore en plein développement. Bien sûr, une goutte de temps à autre n’aura pas d'impact neurologique direct, mais le message doit rester celui de la fermeté, afin que les jeunes ne banalisent pas la consommation d’alcool en minimisant ses risques, dans une société où ce produit fait partie intégrante de notre quotidien.
Car l’alcool est affaire de contexte, et parce que les adolescents en ingèrent plutôt au cours d’une soirée que pendant un apéritif ou un repas, Oppelia émet des recommandations sur le cadre de consommation. L’association suggère d’autoriser les soirées à domicile (meilleur moyen de contrôler ce qui s’y passe, soit dit en passant), mais en présence d’adultes et en l’absence de boissons alcoolisées.
Autonomie progressive
A 16-17 ans, ces préconisations changent. Inutile de tenter d’interdire les soirées à domicile ou à l’extérieur ; après tout, il faut que jeunesse se fasse. En revanche, un adulte doit être présent au retour de l’adolescent, afin de contrôler son éventuel état d’ivresse – pas de manière inquisitoire, mais en discutant, tout simplement. La consommation d’alcool doit alors être « accompagnée » : il faut en parler, ne pas prohiber mais encadrer.
Enfin, de 18 à 21 ans, le jeune acquiert une « autonomie avec l’alcool » - d’où la nécessité de ce travail pédagogique avant qu’il atteigne cet âge. L’adolescent peut bien entendu dormir à l’extérieur, avec une « heure de retour à anticiper ».
Bienveillance
L’objectif de cette stratégie consiste à permettre aux jeunes de s’approprier progressivement ces repères afin qu’ils se responsabilisent eux-mêmes, alors qu’au gré des année, le contrôle parental diminue nécessairement. Mais à tout âge, il convient de conserver une forme de « bienveillance », précise Oppelia. « Quoi qu’il arrive, rappelez à votre adolescent que vous restez disponible pour lui ». Il s’agit, en somme, de favoriser le dialogue au dogme.
Enfin, la campagne d’Oppelia rappelle quelques règles pragmatiques qui ont vocation à aider les jeunes à se protéger des risques liés à la consommation d’alcool. Ces « stratégies de protection » doivent faire l’objet de discussions entre les adolescents et leurs parents. Connaître les effets de l’alcool et ses propres limites, boire de l’eau régulièrement, s’alimenter (« tout en évitant le choc sucré »), savoir « naviguer de groupe en groupe », sont autant de conduites qui permettront de réduire les risques.
Si les parents s’alarment de la consommation de leur adolescent, ils peuvent se rendre dans les Consultations Jeunes Consommateurs, des lieux d’échange entre professionnels et familles. Ces espaces ont vocation à empêcher les adolescents de tomber dans l’addiction (alcool, tabac, cannabis, jeux vidéo, téléphone etc) et à faire émerger en eux une réflexion sur le plaisir et la dépendance.
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Posté par Pourquoidocteur sur vendredi 29 janvier 2016