Etude en Sierra Leone

Ebola : les survivants victimes de plusieurs séquelles

Des mois après leur guérison, les survivants d'Ebola sont confrontés à de graves séquelles, comme des altérations de la vue et de l'audition.

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • Sunday Alamba/AP/SIPA
  • 23 Déc 2015
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    Alors qu’ils sont sortis des centres de traitements depuis des mois, les survivants sont rattrapés par Ebola. Ils souffrent de séquelles graves comme l’altération de la vision et de l’audition ou des complications articulaires, selon une étude présentée ce mercredi dans The Lancet Infectious Diseases.

    Ces résultats sont issus d’une étude menée en Sierra Leone dans une clinique de Port Loko, à une cinquantaine de kilomètres de Freetown, la capitale. Ce centre offre des soins à plus de 600 rescapés de l’épidémie vivant dans cette région.

    Au total, 277 ont accepté de participer à cette étude évaluant le « syndrome post-Ebola ». Parmi ceux examinés entre mars et avril 2015, les complications étaient fréquemment observées, selon le Dr Sharmistha Mishra, spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Michael à Toronto (Canada).
    En effet, 76 % ont rapporté des douleurs articulaires, 60 % ont indiqué avoir des problèmes de vue qu’ils n’avaient pas avant, 18 % souffrent d’inflammation de l’œil qui menace leur vue et 24 % de troubles de l’audition.

    Source : Photo by Dr. Sharmistha Mishra.

    Des complications fréquentes

    Selon cette étude, les patients qui ont eu une charge virale très élevée avant d’être guéris sont plus susceptibles de souffrir de troubles oculaires et d’inflammation de l’œil. Ainsi, malgré l’élimination du virus par l’organisme, ce dernier pourrait se loger dans des sanctuaires immunologiques tels que l’humeur aqueuse de l’œil ou le sperme. Des travaux ont notamment montré que le virus Ebola pouvait rester dans le liquie séminal durant 9 mois.

    Pour le Dr Sharmistha Mishra, cette étude souligne, par ailleurs, la nécessité de suivre les survivants dès leur sortie des centres afin de s’assurer que ces complications soient diagnostiquées et traités précocément. 

    De fait, en raison de l’urgence de la situation, aucune prise en charge systématique des rescapés d'Ebola  n’a été mise en place en Afrique de l’Ouest. Il est donc temps d’y remédier.

    Mais pour cela, certains obstacles devront être levés. En Sierra Leone, les ophtalmologistes sont rares : seulement deux professionnels participent au programme national de suivi ophtalmique, et ont par ailleurs dirigé ces travaux.

    Depuis décembre 2013, plus de 28 600 hommes, femmes et enfants ont été infectés et 11 315 en sont morts, essentiellement en Afrique de l’Ouest. En juin dernier, une étude similaire a été lancé au Liberia. En parallèle, des chercheurs français mène également une étude sur le syndrome post-Ebola en Guinée.

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