Asthme, rhinites, maladies cardiovasculaires...
COP21 : 9 maladies respiratoires sur 10 liées à l’environnement
La pollution de l'air, qui engendre chaque année de nombreuses pathologies, est une priorité aux yeux des médecins, cruciale pour la santé des patients.
En France, 42 000 décès seraint attribuables tous les ans à la pollution aux particules fines, selon la Commission européenne. Un bien sombre constat qui illustre à lui seul à la nécessité d’agir pour préserver l’environnement et la qualité de l’air. C’est justement l’objet de la grande conférence sur le climat de Paris, plus connue sous le nom de COP21, qui a débuté ce dimanche.
Un autre chiffre est essentiel pour comprende le lien pollution-santé : un individu inhale entre 15 et 30 000 litres d’air par jour, en fonction de l’endroit où il habite et de ses activités. Or, l’air que nous respirons est de plus en plus pollué.
On parle surtout ici de particules fines, qui pénètrent dans l’organisme. L’action de ces dernières sur le système respiratoire ou immunitaire, et la possibilité pour les plus petites (inférieures à 2,5 microns) de passer dans le sang ont des conséquences particulièrement sévères sur la santé des individus.
COP21 et maladies
Sans surprise, les maladies respiratoires arrivent en tête des problèmes. Les spécialistes considèrent que 9 maladies respiratoires sur 10 sont liées à l’environnement. Dans ce contexte, la pollution exacerbe les risques pour les patients atteints de maladies chroniques, comme l’asthme.
Mais le Pr Bruno Housset, président de la Fédération française de pneumologie, rappelle que d’autres maladies, comme la rhinite allergique, sévissent aussi, avec impact délétère sur la qualité de vie. Enfin, le rôle des particules fines a été prouvé en ce qui concerne le cancer du poumon.
Du fait de la présence des particules fines dans le sang, les maladies cardiovasculaires sont par ailleurs en augmentation. En revanche, si de larges études épidémiologiques ont montré un risque accru de diabète ou de maladies neuro-dégénératives, le lien est pour le moment trop ténu pour se prononcer définitivement.
Face à ces risques, des pneumologues français, dont le Pr Housset, souhaitent que les décideurs politiques profitent de la COP21 pour réfléchir à des solutions durables, afin de préserver la santé.
Ces professionnels n’espèrent toutefois pas des changements fondamentaux. Ils estiment en effet que la conférence portera surtout sur des aspects économiques et politiques, et que les problématiques de santé seront sûrement laissées pour compte.
La pollution de fond la plus redoutable
Pourtant, c’est au quotidien que des mesures devraient être prises pour limiter les risques. Comme l’explique le Pr Housset, l’écueil principal des autorités consiste à s’intéresser surtout aux pics de pollution, et à prendre des mesures d’urgence, alors que la « pollution de fond », celle de tous les jours, cause à long terme des problèmes autrement plus graves pour la santé des individus.
D’ailleurs, les experts affirment qu’il n’existe pas de seuil protecteur en deçà duquel aucun effet sanitaire néfaste n’est observé. Même à des concentrations faibles en particules fines, la santé peut être affectée.
Par ailleurs, ils estiment que les efforts des autorités ne doivent pas uniquement porter sur la pollution atmosphérique extérieure, mais aussi sur la pollution domestique. En Europe, cette dernière coûterait deux millions d’années de vies en bonne santé.
Le rôle du médecin
Face à ces défis, il est clair que réponses ne pourront pas simplement venir du politique. Le médecin aussi a un rôle déterminant à jouer. En contact direct avec la population, il doit se montrer pédagogue, et expliquer les conséquences de la pollution. Il doit adapter les traitements des patients atteints de maladies chroniques, lors de pics de pollution et au quotidien.
Le Pr Housset estime que plusieurs dispositifs technologiques pourront les y aider dans le futur. L’utilisation de capteurs de pollutions permettrait par exemple de cartographier les zones les plus polluées. Pour les personnes atteintes de maladies chroniques, ces données sont cruciales pour savoir quels lieux elles doivent éviter. Des applications pour smartphones adaptées aideraient à diffuser la localisation des zones à risque au plus grand nombre.
Cet expert souligne néanmoins que, face aux nombreuses interrogations des patients, les praticiens n’ont pas encore toutes les réponses. « Par exemple, on ne sait pas actuellement si porter un masque ou utiliser un purificateur d’air apporte de réels bénéfices. Il est donc difficile de guider nos patients sur ces points », note-t-il. Pour lui, l’avenir est au développement de la recherche, mais une recherche pragmatique, qui apporte des réponses concrètes aux patients et aux médecins.