Etude américaine
Mélanome : les transplantés deux fois plus exposés
Les traitements anti-rejet administrés à la suite à des greffes d’organes augmenteraient les effets néfastes des rayons UV sur la peau et doubleraient les risques d’apparition de mélanomes.
Une étude américaine réalisée par l’université Johns-Hopkins (Washington) et publiée dans The Journal of Investigative Dermatology pointe les effets secondaires des médicaments immunosuppresseurs prescrits aux receveurs d’organes. Ils augmenteraient les risques de développer un cancer de la peau.
3 fois plus de mortalité par mélanome chez les transplantés
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont passé au peigne fin le dossier médical de 139 991 de personnes blanches ayant bénéficié d’un don d’organe aux Etats-Unis entre 1987 et 2010. Au total, 519 mélanomes ont été détectés. Les auteurs de l’étude ont ensuite analysé les données médicales de 182 patients différents atteints de mélanome et ayant subi une transplantation avec celles 130 000 patients non greffés. Au bout de 15 ans, le taux de mortalité chez les patients greffés était de 27 % contre 12 % pour les non receveurs. « La mortalité spécifiquement due à ce type de cancer très agressif est multipliée par trois chez les patients transplantés, même en cas de diagnostic précoce », précise Hilary Robbins.
L'effet amplificateur des rayons UV
L’équipe d’Hilary Robbins suppose que ces résultats sont directement imputables aux médicaments immunosuppresseurs. Ils augmenteraient les dégâts causés par les rayons ultra-violets (UVA et UVB) sur l’ADN des cellules de la peau. « Cet effet couplé avec des expositions non protégées aux rayons UV contribue au développement de mélanomes », affirme Hilary Robbins. Le traitement en cause serait l’azathioprine (Imurel®), connu pour augmenter le risque de leucémies, lymphomes et cancers de la peau. Mais ce ne serait pas le seul : en effet, l’étude précise que d’autres traitements immunosuppresseurs pourraient être en cause.
Le mélanome constitue la forme la plus grave du cancer de la peau. Les expositions répétées au soleil, mais également aux rayons ultraviolets artificiels (lampes à bronzer) sont le principal facteur de risque de survenue de la maladie. Le risque est d'autant plus élevé que l'exposition solaire débute tôt dans la vie (épuisement du capital soleil). Il est donc vivement conseillé aux personnes ayant subi une greffe d'organe de limiter leur exposition au soleil, d'utiliser systématiquement de l’écran total et de se rendre tous les ans chez le dermatologue pour un dépistage.