Diabète
AVC ischémique : le rôle de la glycémie dans le pronostic des victimes lors de l’attaque cérébrale
Lors d'un accident vasculaire cérébral ischémique, le pronostic des patients est aggravé par un taux de glucose élevé.

- Par Marie Martin
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Le sang est chargé d'irriguer le cerveau, si une artère se bouche, il survient un accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique qui conduit à la mort des cellules cérébrales au niveau de la zone impacté. D’après une étude publiée dans la revue Cardiovascular Diabetology, les conséquences de cet AVC peuvent être aggravées si la victime souffre d’hyperglycémie.
La hausse de la glycémie aggrave le pronostic
Pour leurs travaux, les spécialistes de l’hôpital del Mar en Espagne ont réuni les données de 2.774 patients ayant été victime d’un AVC ischémique. Des facteurs tels que l'âge, le diabète, le handicap, la gravité de l'AVC et le traitement administré ont été pris en compte, ainsi que les niveaux de glycémie lors de leur admission à l’hôpital.
Les chercheurs ont constaté que des taux de glucose sanguin plus élevés que la normale entrainaient un pronostic fonctionnel et mortel plus mauvais trois mois après l’AVC, indépendamment des autres facteurs. Une augmentation de seulement 13 % de la glycémie par rapport aux niveaux habituels aggrave le pronostic. Ce lien a aussi été observé chez les patients souffrant auparavant de diabète. “Cette variable reflète mieux l’effet du sucre au moment de l’admission du patient, et dans le groupe de patients avec des indices plus élevés, le pronostic et la mortalité sont plus mauvais”, indique la Dr Elisenda Climent, médecin associée du service d’endocrinologie et de nutrition de l’hôpital del Mar et chercheuse à son institut de recherche.
Concrètement, pour chaque augmentation de 10 % du taux de glucose, le risque d’un pronostic moins favorable augmente de 7 %. Chez les patients présentant des taux plus élevés, ce risque augmente de 62 % et le risque de mortalité de 88 %.
AVC : la glycémie pourrait jouer un rôle dans le traitement
“Une approche thérapeutique plus conservatrice est actuellement choisie, car les stratégies de contrôle strictes ne se sont pas avérées supérieures en raison des risques posés par les baisses de glucose pour l'état des patients. À l'heure actuelle, le sucre n'est pas traité de manière agressive chez les patients ayant subi un accident vasculaire cérébral ischémique. Notre étude peut permettre de sélectionner la population sur laquelle on peut travailler de manière plus intensive, en tirant parti des nouvelles technologies pour un suivi plus sûr”, ajoute la Dr Ana Rodríguez, cheffe de la section d’accident vasculaire cérébral du Service de neurologie et chercheuse à l’Institut de recherche de l’hôpital del Mar.
De nouvelles études seront menées. “Il est nécessaire d’étudier s’il s’agit d’un marqueur de gravité, sur lequel agir n’améliore pas le pronostic, ou s’il s’agit d’un facteur sur lequel on peut travailler pour améliorer l’état des patients présentant des taux de glucose plus élevés que d’habitude”, explique le Dr Juan José Chillarón, chef du service d’endocrinologie et de nutrition de l’hôpital del Mar et chercheur à son institut de recherche. Cet axe de réflexion pourrait permettre à “ce sous-groupe de patients de bénéficier d’une insulinothérapie plus intensive, ce qui pourrait constituer un changement conceptuel potentiel dans leur approche”, précise-t-il.
Selon l’Assurance Maladie, en France, l'AVC est la première cause de mortalité chez la femme et la troisième chez l'homme. Il est également la première cause de handicap acquis de l’adulte et la deuxième cause de démence après la maladie d’Alzheimer.