Glycémie
Le boom des capteurs de glucose pour mesurer son bien-être
Initialement conçus pour les personnes diabétiques, de plus en plus de gens utilisent des capteurs de glucose pour évaluer les effets de l'alimentation et de l'activité physique sur leur glycémie, et les répercussions sur leur bien-être.
Les montres connectées ont aujourd’hui envahi notre quotidien, surveillant chaque pas et chaque battement de cœur. Mais une nouvelle génération d’outils promet d’aller plus loin pour monitorer sa santé et, plus généralement, son bien-être : les capteurs de glucose portables, ou glucomètres. Un article paru dans les colonnes du quotidien américain Chicago Tribune fait le point.
Indispensables pour les patients souffrant de diabète pour évaluer leur glycémie, les appareils sont de plus en plus utilisés aujourd’hui des personnes non diabétiques pour estimer comment l'alimentation et l'activité physique affectent leur taux de glucose sanguin. Et comment cela pourrait être lié à leur humeur, à leur niveau d'énergie ou encore à la qualité de leur sommeil.
Mesurer l’effet du mode de vie sur le métabolisme
Les capteurs, comme le "Lingo" de la société Abbott ou le "Guardian Connect" de Medtronic, se portent à l’arrière du bras et mesurent le glucose à travers le liquide interstitiel (entre les cellules) sous la peau, grâce à un filament minuscule inséré sous la surface. Les données sont visibles en temps réel sur une application mobile, permettant à l’utilisateur de comprendre comment ses choix alimentaires et son activité influencent son taux de sucre dans le sang. Pour Pam Nisevich Bede, responsable nutrition chez Abbott, "le glucose a un impact sur tout le monde, influençant l’humeur et l’énergie". L’objectif de cette technologie est, selon elle, d'éduquer les utilisateurs sur l’effet de leur mode de vie sur leur métabolisme.
Ces dispositifs peuvent également être utiles pour les personnes atteintes de prédiabète – qui ont un taux de glucose élevé sans être encore diabétiques. Dr Falguni Vasa, spécialiste en endocrinologie interrogé par le Chicago Tribune, voit dans ces capteurs une opportunité pour adopter des habitudes plus saines : "En identifiant les pics, on peut mieux choisir son régime alimentaire et son mode de vie." Les utilisateurs pourraient, par exemple, ajuster leurs repas après avoir constaté une élévation de leur taux de glucose liée à certains aliments.
Un risque d’anxiété chez des utilisateurs en bonne santé ?
D’autres experts craignent toutefois que ces capteurs ne provoquent de l’anxiété inutile chez des utilisateurs en bonne santé. "Pour une durée limitée, cela peut sensibiliser, mais à long terme, cette hyper-surveillance pourrait avoir des effets pervers", avertit notamment Dr Natalie Cameron, de la Northwestern University.
En France, en 2022, Jean-François Thébau, vice-président en charge du plaidoyer de la Fédération française des diabétiques (FFD), alertait déjà qu’"avoir un pic glycémique après avoir mangé une tartine de confiture, c'est tout à fait normal, cela fait partie du métabolisme" et que "vouloir gommer ces pics glycémiques, quand on n'est pas malade, est une ineptie". Si les capteurs de glucose portables ouvrent de nouvelles perspectives de santé, ils ne doivent pas, selon lui, devenir un gadget bien-être et minceur utilisé par des personnes qui n’en auraient pas du tout besoin.