Crise cardiaque

Décès du mari d’une enseignante tuée à Uvalde : oui, on peut mourir de chagrin

Un choc psychologique intense, comme un deuil, peut augmenter le risque d'accident cardio-vasculaire. 

  • Par Mégane Fleury
  • Nopphon Pattanasri/istock
  • 30 Mai 2022
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    Irma Garcia, enseignante, fait partie des 21 personnes tuées, mardi 24 mai, lors d’une fusillade dans son école à Uvalde, au Texas. Deux jours après son décès, son mari, Joe, a succombé à une attaque cardiaque. "Je pense sincèrement que Joe est décédé à cause de son cœur brisé et que perdre l’amour de sa vie, qu’il aimait depuis plus de 25 ans, était trop difficile à supporter", a confié le cousin de l’enseignante dans un message posté sur une cagnotte en ligne, créée pour aider la famille, et relayé par CNN. Chez certaines personnes, un choc émotionnel fort peut engendrer des pathologies cardio-vasculaires voire le décès.

    Le deuil augmente le risque de crise cardiaque 

    En 2012, l’American Heart Association a publié une étude sur le sujet. Selon ses conclusions, le risque de décès augmente dans les jours et les semaines qui suivent la mort d’un proche. En s’appuyant sur les données de 1985 adultes, les auteurs ont constaté que le risque de crise cardiaque est 21 fois plus élevé que la normale dans le jour qui suit le décès d’un proche, et il est six fois plus élevé dans la semaine suivant le drame. "Le stress psychologique causé par un chagrin intense peut augmenter la fréquence cardiaque, la tension artérielle et la coagulation sanguine, ce qui peut aggraver les risques de crise cardiaque", expliquent les auteurs. Ils rappellent également qu’au début du processus de deuil, les personnes sont plus susceptibles d’avoir un sommeil de moins bonne qualité, un faible appétit et des niveaux de cortisol plus élevés, ce qui peut participer à l’élévation des risques de crise cardiaque.
    "Les amis et la famille des personnes endeuillées peuvent apporter un soutien important pour prévenir de tels incidents, en particulier au début du processus de deuil", estimait alors l’autrice principale de cette étude Elisabeth Mostofsky. Elle appelait aussi les professionnels de santé a considéré ce risque élevé d’accident cardiaque. 

    Un syndrome du coeur brisé ? 

    Dans les années 1990, des chercheurs japonais ont décrit les effets de difficultés psychologiques sur le cœur. La notion de "Takotsubo" naît à ce moment-là. Ce "syndrome du cœur brisé" peut être déclenché par un choc psychologique, comme un deuil, un divorce ou la confrontation à un événement dramatique, mais cela peut être aussi suite à un choc positif, une surprise par exemple. Les symptômes sont proches de ceux d’un infarctus du myocarde, selon Vidal, et le cœur prend une forme particulière : gonflé comme un ballon sur le dessus et serré sur la base. En 2015, un groupe de cardiologues suisses a rassemblé l’ensemble des données parues sur ce syndrome pour mieux l’appréhender : ils ont alors constaté que les femmes représentaient près de 90% des cas recensés. La mortalité associée à ce syndrome est de 3,7%, soit un taux bien moindre que celui des crises cardiaques, mortelles pour une personne sur dix. 

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