Pathologie psychique
Troubles bipolaires : tout ce qu’il faut savoir sur cette maladie méconnue
Le 30 mars marquait la Journée mondiale de la bipolarité. À cette occasion, on fait un point sur les causes, les symptômes de cette maladie mal connue et sur les techniques pour la détecter.
1.600.000. C’est le nombre de personnes atteintes de troubles bipolaires en France. La bipolarité est une maladie psychique chronique qui se caractérise par des troubles récurrents de l’humeur. Chez les malades, l’humeur évolue selon deux phases, qui surviennent en alternance : les épisodes maniaques ou hypomaniaques (exaltation de l’humeur, agitation, euphorie) et la phase dépressive (grande tristesse, perte de tout désir d’activité, idées suicidaires). Ces épisodes peuvent s’accompagner d’un accroissement des activités sociales, d’hallucinations, d’une mésestime de soi, des troubles de l’attention et du sommeil. Entre ces phases, il existe des intervalles de rémission. Il s’agit des moments où l’humeur redevient normale.
Quelles sont les origines de la bipolarité ?
Les troubles bipolaires surviennent précocement, parfois à l’adolescence et le plus souvent au début de la vie d’adulte, à savoir entre 15 et 25 ans. Cependant, cette affection psychique peut également se présenter chez les personnes de plus de 60 ans, voire 70 ans. "Par ailleurs, hommes et femmes sont touchés dans les mêmes proportions. Toutefois, le trouble bipolaire débute plus souvent par un épisode dépressif chez les femmes et par un épisode maniaque chez les hommes", indique l’Assurance maladie.
À ce jour, les causes de la bipolarité sont mal comprises. Chez les personnes prédisposées, ce trouble peut être provoqué par un stress entraîné par une séparation affective, un décès ou un licenciement. La consommation d’alcool, de tabac et de drogues fait également partie des facteurs déclenchants de cette pathologie psychique. Cette affection peut aussi apparaître après un manque de sommeil et plus rarement à cause de la prise de certains médicaments (corticoïdes, anti-inflammatoires…).
Comment diagnostiquer les troubles bipolaires ?
"En France, les troubles bipolaires sont sous-diagnostiqués. Il faut consulter quatre à cinq médecins différents avant qu’ils ne soient nommés", peut-on lire sur le site troubles-bipolaires.com. En général, il s’écoule souvent 10 ans entre le début de l’affection et la mise en route d’un traitement adapté. En cas de bipolarité, une consultation psychiatrique permet de confirmer le diagnostic, évaluer la gravité du trouble et trouver la cause de la maladie. Le psychiatre doit travailler en collaboration avec un généraliste, le médecin du travail ou le médecin de santé scolaire. Le bilan initial du trouble bipolaire est parfois effectué lors d’une hospitalisation pour protéger la personne malade présentant un trouble dépressif grave avec risque de suicide et afin de lui éviter des conduites dommageables pour sa vie.Pour une meilleure prise en charge des malades, des chercheurs de l’université de Manitoba au Canada ont mis au point un test qui pourrait permettre de détecter cette maladie psychique en moins d’une heure et de repérer les patients à risques. D’après les résultats de leur étude publiée dans la revue The World Journal of Biological Psychiatry en 2019, l’activité nerveuse du système vestibulaire était très différente si la personne était bipolaire, dépressive ou en bonne santé. "Le rôle du psychiatre reste extrêmement important dans la prise en charge du patient, mais je pense que cet outil serait très utile comme complément", a déclaré Brian Lithgow, auteur des travaux.
Réduire le risque de suicide grâce à des électrochocs
En cas de trouble bipolaire, il existe toujours un risque de suicide, qui pourrait concerner 10 % des malades. Pour trouver un moyen de limiter ce risque, des scientifiques italiens ont réalisé des recherches, dont les résultats ont été publiés dans la revue The World Journal of Biological Psychiatry en 2020. Après avoir suivi 670 patients atteints de bipolarité, ils ont constaté que le traitement par électrochocs, aussi appelé l’électroconvulsivothérapie (ECT), pouvait réduire de 84 % le risque de suicide chez les patients bipolaires à haut risque.