Technique prometteuse
Insuffisance respiratoire : et si l’on pouvait respirer par le rectum ?
Une équipe américaine de chercheurs développe sur des porcs une nouvelle technique pour traiter l’insuffisance respiratoire : injecter de l’oxygène… par le rectum.
En ces temps de pandémie de Covid-19, c’est une technique aussi étonnante que prometteuse qui pourrait aider à traiter l’insuffisance respiratoire. Selon Slate, qui a repéré cette information, Respirogen, une entreprise américaine basée dans le Colorado, travaille actuellement au développement d’une méthode pour faire respirer par le rectum. Actuellement testée sur des porcs, cette méthode pourrait aider les patients hospitalisés pour un manque d’oxygène dans le sang.
"Cela pourrait être une bonne thérapie de transition pour augmenter la saturation en oxygène de ces patients", ce qui signifie que ces derniers n’auraient pas besoin d’être placés sous respirateur, explique au site américain NewsScientist Robert Scribner, qui dirige Respirogen.
Une nette augmentation des taux d’oxygène
Comment cette technique fonctionne-t-elle ? Les chercheurs l’ont testée sur 12 porcs pesant entre 40 et 50 kilos, dont les poumons avaient été endommagés par de la fumée. Au bout de deux jours, leur saturation en oxygène dans le sang était tombée à 66 % en moyenne.
Les chercheurs ont donc injecté chez 6 des animaux des milliards de bulles d’oxygène par leur rectum. Le taux d’oxygène a alors augmenté ce taux à 81 % après 150 minutes. Chez les animaux qui n'ont pas été traités, la saturation en oxygène est tombée à 53 %. Les porcs ont été maintenus sous sédation tout au long de la procédure.
Une diminution des niveaux de dioxyde de carbone
L’équipe a aussi constaté que les niveaux de dioxyde de carbone dans le sang chutaient chez les porcs à mesure qu’ils recevaient l’infusion colique de microbulles, alors qu'il continuait d'augmenter chez les animaux non traités. Il s’agit d’une donnée importante car une teneur élevée en dioxyde de carbone a de nombreux effets néfastes, notamment une altération de la pensée. "Votre état mental décline au point que vous ne pouvez plus protéger vos voies respiratoires", explique Keely Buesing, membre de l'équipe du centre médical de l'Université du Nebraska.
Selon elle, cette procédure pourra être pratiquée sur des plus longues périodes. "Il n'y a aucune raison pour que vous ne puissiez pas simplement faire entrer et sortir ces microbulles d'oxygènes du corps. La méthode d'administration par le côlon pourrait, en théorie, être un traitement de maintien à long terme pour les patients gravement blessés."
La prochaine étape souhaitée par les chercheurs est de tester cette technique sur des volontaires en bonne santé pour en observer les effets sur leur taux de saturation en oxygène.