Anses
Les dangers de l’épilation définitive
Lésions oculaires, troubles de la pigmentation, retard de diagnostic de cancer de la peau… L’épilation à lumière pulsée serait néfaste pour la santé.
Dans les années 2000, beaucoup de femmes ont troqué leurs rasoir, cire ou crème dépilatoire pour l’épilation à la lumière pulsée. L’avantage de cette technique : elle est définitive ! Un soulagement donc, a priori sans effets néfastes. Plus de vingt ans après l’apparition de cette technique, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) alerte sur les conséquences négatives de cette technique sur la santé des utilisateurs.
Des effets secondaires mineurs pour la santé...
Tout d’abord, il faut comprendre le fonctionnement de l’épilation à la lumière pulsée. Celle-ci est dite définitive car le poil et le bulbe - c’est-à-dire la racine du poil - sont détruits par l’effet thermique : la lumière émise par l’appareil se transforme en chaleur au contact de la peau. Plusieurs séances peuvent être nécessaires pour arriver au résultat final, ce qui multiplie les risques d’avoir des effets néfastes. Ceux dits mineurs sont des sensations de brûlures, l’apparition de cloques, de croûtes ou d’érythèmes. Ces derniers se manifestent par des rougeurs cutanées.
…et ceux plus dangereux : lésions oculaires, troubles de la pigmentation
Mais, selon l’Anses, cette technique pourrait aussi avoir des effets plus graves et davantage sur le long terme. Il s’agit de troubles de la pigmentation, de lésions oculaires et de potentiels retards de diagnostics de cancers de la peau. « l’IPL (Intense pulsed light, le nom anglais de cette technique d’épilation à la lumière pulsée) pouvant en effet dénaturer la couleur de lésions précancéreuses, et empêcher ainsi la détection précoce de mélanome », note l’Agence.
Dans certains cas, l’épilation définitive est déconseillée
Pour limiter - voire même éviter - ces effets secondaires, l’Anses rappelle les contre-indications de l’épilation à la lumière pulsée. Cette technique est déconseillée pour les patients présentant une anomalie ou maladie cutanée, des couleurs de peau ou natures du poil incompatibles (comme les albinos ou les poils dépigmentés, ceux prenant des médicaments photo-sensibilisants et anticoagulants, après avoir été exposé, pré ou post épilation, aux UV naturels ou artificiels, en cas de grossesse, d’allaitement et de prise de traitements hormonaux susceptibles de modifier la pilosité ainsi que pour les personnes de moins de 15 ans. Il est également recommandé de ne pas procéder à une épilation définitive s’il y a un tatouage sur la zone visée ou pour les sourcils, en raison des risques pour les yeux. Enfin, professionnels et clients doivent porter des lunettes de protection lors du rendez-vous et chaque séance doit être espacée d’un mois au minimum avec la suivante.
L'Anses appelle à des formations préalables à l’utilisation de cette technique
"Le fonctionnement et les principes d’interaction avec la peau peuvent être méconnus ou mal compris par certains professionnels et par les particuliers, explique Rémi Poirier, coordinateur de l’expertise à l’Anses. Il est donc nécessaire de mieux encadrer le marché des appareils et l’utilisation de cette technologie pour en limiter les effets indésirables". Selon un arrêté de 1962, l’épilation à la lumière pulsée doit être réalisée par médecin. Mais beaucoup de salons d’esthétiques utilisent ces appareils, sans avoir de formation médicale. “Il n’existe à ce jour aucune obligation en la matière, c’est pourquoi l’Agence recommande la construction d’un référentiel de formation spécifique à l’utilisation des appareils”, précise Rémi Poirier. L’un des buts serait, par exemple, qu’ils puissent identifier les personnes pour lesquelles il faudrait réaliser un diagnostic dermatologique avant de faire l’épilation définitive.
Une nouvelle réglementation pour ces dispositifs
Jusqu’à présent, il n’y avait aucune réglementation spécifique pour les appareils d’épilation à la lumière pulsée. Mais, depuis le 26 mai 2021, le nouveau règlement européen relatif aux dispositifs médicaux couvre également les dispositifs esthétiques qui n’ont pas de finalité médicale. “Les fabricants devraient être amenés à réaliser des études de tolérance préalables à leur mise sur le marché aussi rigoureuses que celles réalisées pour les dispositifs médicaux, afin de maîtriser les risques pour la santé”, explique Rémi Poirier. Un cadre plus strict de mise sur le marché, pour une plus grande sécurité des consommateurs.