Développement cognitif
Rendez service à vos enfants, coupez la télé à l’heure des repas !
La télévision allumée pendant les repas est associée à un plus faible développement du langage chez les jeunes enfants
Les écrans sont mauvais pour le développement cognitif des enfants. Ils diminuent les capacités d’attention, modifient la structure du cerveau et la plupart des conséquences se dévoilent durant l'adolescence. En moyenne, les enfants âgés de 3 à 6 ans passent près de 2 heures par jour devant les écrans. Les chercheurs de l’Inserm ont étudié l’influence de ce temps passé à regarder les écrans en fonction du contexte des usages. Dans une étude publiée le 8 juin dans la revue Scientific Reports ils soulignent qu’avoir une télévision allumée en permanence au moment des repas familiaux est associée à un plus faible développement du langage des enfants.
Les repas de famille, des moments clés d’échanges verbaux
Le développement du langage des enfants est grandement influencé par leur environnement immédiat, que ce soit leurs interactions avec leurs parents, leurs frères et sœurs ou avec les autres enfants. À cela il faut désormais ajouter les écrans qui ont pris une place importante dans les foyers. Pour l’étude, les chercheurs se sont appuyés sur les données issus de la cohorte française EDEN qui suit des enfants sur plusieurs années. Cela leur a permis de mesurer les temps d’exposition aux écrans ainsi que la fréquence d’exposition pendant les repas de famille qui constituent des moments clés d’échanges verbaux entre adultes et enfants. En parallèle, les chercheurs ont mené des évaluations du langage auprès des enfants afin d’identifier la manière dont le contexte de l’exposition aux écrans peut influencer son développement du langage.
Afin de mesurer les temps et contextes d’usage des écrans, les parents de 1 562 enfants de la cohorte, âgés à 2 ans, 3 ans et 5 ans et demi, ont rempli des questionnaires. Il leur a notamment été demandé la fréquence à laquelle la télévision était allumée pendant les repas. Concernant l’évaluation du langage des enfants, cela a débuté par des questionnaires remplis par les parents lorsque les enfants étaient âgés de 2 ans, puis par des psychologues lorsqu’ils ont atteint 3 ans et 5 ans et demi. Afin de tenir compte du rôle potentiel joué par d’autres facteurs, plusieurs autres variables ont été incluses dans l’analyse statistique, précise l’Inserm, comme des caractéristiques socioéconomiques de la famille (revenus, niveau d’étude des parents...) ou liées à l’enfant (sexe, mode de garde, activités avec les parents…).
Les écrans, un frein aux interactions verbales
“Le croisement de ces données a révélé qu’une fréquence plus élevée de télévision allumée (regardée ou allumée en fond sonore ou visuel) pendant les repas de famille était associée à de moins bons résultats en matière de langage”, notent les chercheurs. Par ailleurs, le langage de l’enfant n’est pas directement lié au temps qu’il passe devant les écrans. À 2 ans, le niveau de langage le plus faible a été observé chez les enfants qui sont toujours exposés à la télévision pendant les repas de famille par rapport aux enfants qui ne l’étaient jamais. À 3 ans et 5 ans et demi, “les évaluations de langage et le quotient intellectuel verbal étaient plus élevés chez les enfants ‘jamais’ exposés à la télévision pendant les repas de famille, par rapport à ceux qui l’étaient ‘parfois’ ou plus fréquemment, révèlent les auteurs de l’étude. Ces résultats encouragent donc à mieux prendre en compte le contexte dans lequel s’inscrit l’exposition aux écrans, et pas seulement sa durée.”
Pour les auteurs, le repas constitue un moment crucial dans le développement des enfants que les écrans viennent perturber. “Bien que les enfants soient exposés au langage par l'intermédiaire des dessins animés et d’autres programmes vus sur des écrans, l'interaction verbale entre l'adulte et l’enfant est fortement associée à un meilleur développement du langage de l'enfant. La télévision pendant les repas peut donc constituer un frein aux interactions verbales de l’enfant, diminuant à la fois la qualité et la quantité des échanges entre enfants et adultes”, estime Jonathan Bernard, chercheur à l’Inserm et co-auteur de l’étude.