Santé et environnement
Entérovirus : le changement climatique pourrait exacerber les épidémies
Les futures épidémies d’entérovirus pourraient être stimulées par le changement climatique.
Poliomyélite, syndrome pieds-mains-bouche, conjonctivite infectieuse, encéphalite… Le point commun de ces maladies ? Elles sont provoquées par des entérovirus, un genre de petit virus à ARN qui se reproduit dans l’intestin de l’être humain et qui circule généralement pendant les mois d’été. Cette caractéristique a fait naître une hypothèse chez les scientifiques : le changement climatique pourrait-il augmenter l’impact des épidémies liées aux entérovirus ? Il semblerait que oui, d’après leurs résultats publiés dans la revue Nature Communications.
Le climat détermine l’intensité des épidémies d’entérovirus
Pour explorer les facteurs climatiques possibles et évaluer les implications du changement climatique sur la taille du pic épidémique, l’équipe de chercheurs des universités Brown, Princeton et Johns Hopkins ont utilisé les données de deux sérotypes d’entérovirus de Chine et du Japon : l’entérovirus 71 (EVA71) et le coxsackievirus 16 (CVA16). Tous deux sont les principaux responsables de la maladie pieds-mains-bouche dans ces pays d’Asie orientale.
“Nous constatons, même après avoir pris en compte d’autres facteurs, que la température semble augmenter la transmission des entérovirus, a déclaré la première auteure, Rachel Baker, professeure adjointe de climat et de santé de la famille John et Elizabeth Irving à l'université Brown. Il est important de noter que nous observons un effet de taille similaire pour la poliomyélite et pour les sérotypes d’entérovirus plus récents qui causent la maladie du syndrome pied-main-bouche.”
Plus précisément, les auteurs ont constaté que le changement climatique pourrait augmenter jusqu’à 40 % la taille maximale des épidémies d’entérovirus. Ces effets varient en fonction du lieu et du modèle climatique.
Surveiller la circulation des entérovirus
“L’impact de la variabilité climatique sur la dynamique des maladies est sous-exploré, et cette étude représente une avancée évidente dans l’exploration nécessaire de ce sujet”, a mis en avant le co-auteur de l’étude, Gabriel Vecchi, professeur de géosciences Knox Taylor et directeur du High Meadows Environmental Institute de l’université de Princeton.
L’équipe note toutefois quelques réserves. “Si la scolarité et la température permettent de prédire les différences régionales dans la dynamique des épidémies, ces deux facteurs prédictifs ne suffisent pas à eux seuls à saisir parfaitement la forme de la transmission saisonnière estimée”, a-t-elle précisé.
Les chercheurs précisent que la mobilité saisonnière ou encore les jours fériés nationaux peuvent également contribuer à la transmission et qu’il faudrait donc les étudier dans le cadre de futurs travaux. Ils soulignent également qu’une meilleure surveillance de la circulation des entérovirus pourrait aider à suivre ces impacts possibles.