Paternité
Le fait d’avoir des enfants est lié à une moins bonne santé cardiovasculaire chez les hommes
La santé cardiovasculaire des pères a tendance à se dégrader par rapport à celle des hommes sans enfant.
Les maladies cardiaques sont la principale cause de décès chez les hommes. Dans une récente étude, des chercheurs de l'Université Northwestern (États-Unis) ont ainsi décidé d’évaluer les associations entre la paternité et la santé cardiovasculaire, les décès dus aux maladies cardiaques et la mortalité toutes causes confondues, en examinant les différences selon l'ethnie.
Pour cela, ils ont recruté 2.814 hommes âgés de 45 à 84 ans ayant participé à la Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis (MESA) et ne présentant pas de maladie cardiovasculaire connue au départ. Selon les données, 82 % étaient des pères, 24 % s'identifiaient comme noirs, 13 % comme chinois, 22 % comme hispaniques et 41 % comme blancs. La santé cardiaque des participants a été évaluée en fonction de leur régime alimentaire, leur activité physique, leurs habitudes tabagiques, leur poids, leur tension artérielle et leur taux de lipides et de glucose dans le sang.
Les pères ont une moins bonne santé cardiaque et sont plus exposés à la nicotine
Les résultats, publiés dans la revue AJPM Focus, ont montré que la santé cardiovasculaire globale des pères était pire que celle des hommes n’ayant pas d’enfants. Dans le détail, les pères âgés de moins de 20 ans et de 20 à 24 ans à la naissance de leur enfant le plus âgé avaient une moins bonne santé cardiovasculaire que les pères âgés de plus de 35 ans.
D’après l’équipe, à cet âge, ils sont sans doute moins stables financièrement, leur cerveau est moins mature et ils occupent des postes moins bien rémunérés avec moins d'avantages sociaux et des politiques de congés limitées. "En outre, la responsabilité supplémentaire de la garde des enfants et le stress de la transition vers la paternité peuvent rendre difficile pour les hommes de maintenir un mode de vie sain, comme une alimentation saine et de l'exercice", a déclaré John James. Parker, auteur principal des travaux.
La recherche a aussi révélé un taux de tabagisme plus élevé chez les pères, ce qui, selon les scientifiques, est surprenant car d'autres travaux ont montré que de nombreux pères arrêtent de fumer lorsqu'ils ont des enfants. "Cette étude a porté sur des pères plus âgés. Il est donc possible que les hommes arrêtent de fumer lorsqu'ils deviennent pères, mais plus tard, ils deviennent peut-être plus stressés et reprennent cette habitude."
Paternité : des taux de mortalité plus faibles chez les hommes ayant des enfants
Bien que les pères aient une moins bonne santé cardiaque à un âge avancé, les auteurs ont constaté qu’ils ont des taux de mortalité inférieurs à ceux des hommes sans enfants. "Cela pourrait être dû au fait que les pères peuvent avoir un système de soutien social plus solide et que les liens sociaux sont associés à une mortalité plus faible. (…) Les pères peuvent également être plus susceptibles d'avoir quelqu'un comme futur tuteur (c'est-à-dire leurs enfants) pour les aider à assister à leurs rendez-vous médicaux et à gérer les médicaments et les traitements à mesure qu'ils vieillissent. Nous avons également constaté que les pères présentaient des taux de symptômes dépressifs inférieurs à ceux des non-pères. La santé mentale pourrait donc contribuer aux taux de mortalité plus faibles chez les pères", a expliqué John James. Parker.
Autre constat : le taux de mortalité ajusté selon l'âge pour tous les pères noirs était inférieur à celui des hommes noirs sans enfants. "Peut-être que devenir père aide à promouvoir un mode de vie sain pour les hommes noirs. Étudier davantage cette association pourrait avoir d'importantes implications en matière de santé publique." Dans les conclusions, les chercheurs précisent que la santé d'un père a une influence majeure sur sa famille. Ainsi, il convient de se concentrer autant sur leur santé que sur celle des mères. "Pour améliorer la santé des familles, nous devons considérer la relation multidirectionnelle entre les mères, les pères, les autres soignants et les enfants !"