Chronotype
Sommeil : les hommes ont tendance à se coucher et se réveiller plus tard que les femmes
Le sexe biologique d'une personne devrait être pris en compte dans le traitement des troubles du sommeil, du rythme circadien et du métabolisme, d’après une récente étude.
Au cours des dernières décennies, le nombre d’adultes souffrant d’un manque de sommeil a augmenté « de manière exponentielle ». De précédents travaux suggèrent que les femmes sont plus affectées par l'éveil prolongé et le décalage circadien que les hommes. Par conséquent, les effets à long terme, tels que les troubles du sommeil et du métabolisme, sont susceptibles d'être plus fréquents chez elles. "Malgré les preuves émergentes de différences entre les sexes dans des aspects clés de la régulation du sommeil, de l'éveil et du rythme circadien, beaucoup de choses restent inconnues, car les femmes sont souvent sous-représentées dans la recherche sur le sommeil et le rythme circadien", ont indiqué des chercheurs de Boston (États-Unis) et de Southampton (Royaume-Unis).
Les femmes étaient 4 fois plus susceptibles de se lever durant la nuit pour manger
C’est pourquoi, dans une nouvelle étude publiée dans la revue Sleep Medicine Reviews, ont voulu identifier les principales différences entre les hommes et les femmes en ce qui concerne le sommeil, les variations de leur horloge biologique et la manière dont cela affecte leur métabolisme. Pour les besoins des recherches, l’équipe a synthétisé toutes les cohortes sur la question.
Selon leur analyse, les femmes dormaient plus que les hommes. Elles passaient environ 8 minutes de plus en sommeil paradoxal (mouvements oculaires rapides). Les participantes atteignaient aussi plus tôt que les hommes le sommeil paradoxal, caractérisé par des niveaux élevés d'activité cérébrale et des rêves intenses. Les auteurs ont noté qu’elles évaluaient la qualité de leur sommeil à un niveau inférieur à celui des hommes. Elles ont aussi fait état de fluctuations plus importantes de la qualité de leur sommeil, ce qui correspond aux changements qui surviennent au cours du cycle menstruel.
Autre constat : les femmes avaient une probabilité de 25 à 50 % plus élevée de développer le syndrome des jambes sans repos et étaient jusqu'à quatre fois plus susceptibles de développer des troubles alimentaires liés au sommeil, qui se traduisent par des prises alimentaires répétées pendant la nuit. En revanche, les hommes sont trois fois plus susceptibles d'être diagnostiqués comme souffrant d'apnée du sommeil. Pour rappel, "un sommeil de moindre qualité est associé aux troubles anxieux et dépressifs", selon Sarah L. Chellappa, co-auteur des travaux.
Un décalage horaire social chez les hommes à cause de leurs "chronotypes plus tardifs"
En ce qui concerne le rythme circadien, les auteurs ont découvert que la mélatonine, une hormone qui aide à synchroniser les rythmes circadiens et le sommeil, est sécrétée plus tôt chez les femmes que chez les hommes. La température corporelle centrale, qui est la plus élevée avant le sommeil et la plus basse quelques heures avant le réveil, atteignant son maximum plus tôt chez les femmes que chez les hommes. D'autres données indiquent que les périodes circadiennes des femmes sont plus courtes que celles des hommes d'environ six minutes. "Bien que cette différence soit minime, elle est significative. Le désalignement entre l'horloge centrale du corps et le rythme circadien est un facteur important", a déclaré Renske Lok, auteur principal de l’étude.
D’après les scientifiques, les hommes avaient tendance à "être des chronotypes plus tardifs", préférant se coucher et se réveiller plus tard que les femmes. Cela peut aussi entraîner un décalage horaire social, lorsque leur rythme circadien ne s'aligne pas sur les exigences sociales, comme le travail. Ils ont également des horaires de repos et d'activité moins cohérents que les femmes au quotidien.
"Les perturbations des rythmes circadiens ont été associées à divers problèmes de santé, notamment des troubles du sommeil, des troubles de l'humeur et une altération des fonctions cognitives. Même des différences mineures dans les périodes circadiennes peuvent avoir des implications significatives sur la santé et le bien-être en général", a signalé l’équipe.