La durée, la gravité et l'impact des symptômes sur le quotidien permettent de différencier les sautes d’humeur du trouble bipolaire. 

Nous avons tous des jours avec et des jours sans. Mais quand faut-il s'inquiéter des sautes d’humeur ? Des psychiatres ont répondu à cette question pour le Daily Mail. Ils estiment qu'il existe trois caractéristiques principales permettant de distinguer les troubles bipolaires des sautes d’humeur. 

Sautes d’humeur ou bipolarité : une question de sévérité des symptômes 

Premièrement, les psychiatres considèrent la gravité des symptômes comme un indicateur. Pour eux, les troubles bipolaires sont caractérisés par des changements d'humeur très importants. Le Dr Guy Goodwin, professeur émérite de psychiatrie à l’université d’Oxford, expose les symptômes pendant les phases hypomaniaques : "les patients parlent beaucoup, ils peuvent être très actifs, ne pas dormir beaucoup et ressentir une sur-confiance en eux". Si cette modification de l'humeur persiste, elle peut se transformer en phase maniaque. "Ils prennent des risques qu’ils ne prendraient pas normalement, ajoute ce spécialiste. Ils peuvent se déconnecter de la réalité, ressentir de la paranoïa ou des hallucinations." 

À l’autre extrême, on trouve les phases dépressives. Elles présentent également des symptômes très intenses. Cela peut être un désintérêt pour les choses que la personne aime habituellement, de la fatigue, de l’agitation, des pleurs, des troubles de l’alimentation ou encore un retrait de la vie sociale. "Si une personne bipolaire est de mauvaise humeur, elle peut sombrer dans une profonde dépression, où elle est incapable de fonctionner normalement et peut avoir des pensées suicidaires récurrentes", décrit le Dr Goodwin. 

Bipolarité : les changements d’humeur s'inscrivent dans la durée 

La deuxième caractéristique majeure de la bipolarité est la durée de ces symptômes. L'expert explique que les patients subissent ces changements d’humeur durant plusieurs semaines : les épisodes dépressifs persistent au moins pendant deux semaines, voire plusieurs mois. À l’inverse, les épisodes maniaques se produisent durant au moins une semaine. Le Dr Sai Achuthan, psychiatre à Tauton, dans le sud-ouest de l’Angleterre, déclare que la bipolarité est caractérisée par au moins deux épisodes durant lesquels l’humeur et l’activité sont "significativement perturbées". "Un épisode maniaque classique dure plus d’une semaine, et en général quatre à huit semaines, rappelle l’Assurance Maladie. Il conduit souvent à proposer une hospitalisation, pour traiter (voire protéger) la personne malade."  

La bipolarité bouleverse le quotidien 

La persistance et l'extrême gravité des symptômes ont un impact important sur le quotidien. C’est une autre caractéristique des troubles bipolaires : ils ne permettent pas de maintenir une activité normale. "Les personnes bipolaires n'ont souvent pas un contrôle cognitif total lorsqu'elles vivent des sautes d'humeur, elles finissent donc par faire des choses qu'elles ne feraient pas normalement et regrettent plus tard, développe le Dr Goodwin. Ce comportement peut être extrêmement perturbant, par exemple, elles peuvent s'absenter du travail si elles sont déprimées ou prendre des risques impulsifs et inconsidérés si elles sont maniaques."

Troubles bipolaires : des traitements et une bonne hygiène de vie pour limiter les symptômes 

Les sautes d’humeur se régulent naturellement mais le trouble bipolaire doit être traité. Des médicaments permettent notamment de stabiliser l’humeur. L’Assurance Maladie recommande également d’adopter une hygiène de vie adaptée : un stress minimal, de l’activité physique, une alimentation équilibrée, un sommeil suffisant et un rythme régulier.