Santé auditive
Acouphènes, fatigue auditive, troubles de l’attention… La musique est-elle dangereuse ?
Depuis plusieurs années nous pouvons écouter de la musique à un niveau sonore élevé pendant très longtemps avec des conditions de traitement du son qui restent très différentes du son naturel. Et cela n’est pas sans risques.
La musique est un son, une onde acoustique qui peut avoir des effets physiques : non seulement sur le récepteur, qui est l’oreille interne, le faisant vibrer trop fort, mais également sur les neurones qui codent le message et traitent l’information musicale.
La faute à la compression du son !
Selon Christian Hugonnet, Président et fondateur de l’association LA SEMAINE DU SON, c’est là que “les dangers vont émerger. Depuis quelque temps, nous constatons une utilisation massive de la compression pour des raisons pas toujours raisonnables… Cette compression fait disparaître les silences pendant lesquels le système auditif pourrait se reposer et se reconstituer. Un élément à ne pas négliger car nous avons besoin de ses silences pour maintenir nos cellules en bon état. La musique peut entraîner des surstimulations.”
La plupart (pour ne pas dire toutes) des musiques que nous écoutons sont, en effet, compressées. C’est une technique utilisée par les ingénieurs du son de sorte à ce que les écarts entre les sons soient réduits au maximum, créant ainsi une osmose et une fluidité entre chaque. Sauf qu’une écoute prolongée peut être dangereuse : “il y a de la fatigue auditive, avec l'apparition d’acouphènes qui sont dû à cette surcompression”.
“Densifier le son à outrance permet de mieux capter les sons, d’entendre un son extrêmement facilement comme lorsque nous sommes en visioconférences. Ce sont des sons extrêmement densifiés en énergie”, éclaire le président de l’association.
Les neurones en mauvais état après une sur stimulation musicale ?
Les personnes très exposées à la musique compressée inquiètent particulièrement les professionnels de santé. Souvent très satisfaites du son qui paraît très harmonieux, elles n’en mesurent pas les conséquences : “Nous pouvons aisément détecter que des cellules sensorielles ont été lésées, mais c'est difficile de détecter que des neurones ont disparu, sauf à l’autopsie. Or ces neurones, la musique compressée les fait énormément travailler, en permanence sans le moindre répit. Nous imposons un travail forcé à des neurones qui ne sont pas faits pour ça.”
Selon un de ces travaux sur la santé auditive : “Une exposition de 4 heures à de la musique compressée pourrait faire perdre au “réflexe protecteur” plus de la moitié de sa force, et ce, très durablement. Donc c’est là-dessus que l’on essaye de plaider pour le respect d’une qualité musicale qui maintient suffisamment de respiration entre chaque son. Nous pensons qu’il faudrait des indicateurs de qualité qui permettent de diffuser de la musique de qualité correcte”, conclut Christian Hugonnet.
Trouble de l’attention chez les personnes atteintes d’acouphènes
Séverine Samson, Professeur de Neuropsychologie – UFR de psychologie, Université de Lille, Institut Pasteur, prend la parole lors de la conférence de presse dédiée à la santé auditive pour la semaine du son de l’UNESCO : “Selon de récentes études, nous nous rendons compte que les personnes qui ont des acouphènes ont des problèmes qui vont au-delà des problèmes auditifs, c’est-à-dire qu’ils ont des problèmes d’attention, des difficultés à se concentrer, des temps de réaction très lents qui corroborent très bien avec la souffrance qu’ils décrivent. Mais également des difficultés de régulation émotionnelle, ils ont un plaisir qui est diminué lorsqu’ils écoutent de la musique et plus de sensations négatives que ceux qui n’ont pas d’acouphènes.”
Elle avait également décrit pour La Fondation de l’Audition que “l'acouphène est un trouble médical invalidant. Son impact psychosocial est important, notamment l'anxiété, la dépression, le stress, l'irritabilité, l'irritabilité, les troubles de la concentration et du sommeil qui ont des effets délétères sur la communication, l'éducation, la vie professionnelle et la santé mentale, la qualité de la vie, mais aussi sur la vie quotidienne.”